samedi 25 décembre 2010

Le retour des Etats

Ceux qui lisent mes chroniques savent mon goût pour l'histoire. Je crois qu'il y a beaucoup à apprendre notamment de l'histoire des guerres : ces périodes où des peuples luttent pour leur survie et où les énergies sont rassemblées dans un but unique. Cela n'empêche pas que la plupart des guerres se terminent par un vainqueur et un vaincu. Les grands discours et la résolution n'empêchent pas la défaite.

Il y a un moment particulier où la victoire (ou la défaite) apparait : ce que j'appelle le "momentum". Par exemple, durant la seconde guerre mondiale, le moment où les bombardements alliés ont fait de plus en plus de dégâts en Allemagne tout en s'accompagnant de pertes en avions et en aviateurs de plus en plus limitées. Ce qui n'était pas gagné d'avance.

Actuellement, les états occidentaux vivent leur propre "momentum" économique. Le tournant est proche. La faillite financière est en route et on voit mal ce qui peut l'arrêter. La seule question ouverte, c'est l'ordre de la tombée dans la trappe : sans doute les petits tomberont avant les gros, c'est la prime à la taille.

Les grandes entreprises semblent en parfaite santé : elles ont vigoureusement réagi en taillant dans leurs effectifs et en réduisant les dépenses. Seul bémol pour l'instant, la consommation reste atone. Les chômeurs faisant de médiocres consommateurs.

Tant que la vie à crédit continue, le système se tient et la question ne se pose pas : comme le disaient les banquiers de Wall-Street, il faut continuer à danser tant que l'orchestre joue. Mais tout change le jour où ce crédit s'arrête, soit que la Chine décide d'arrêter de prêter ou qu'une des grandes agences de notation donne le signal.

La faillite financière des États occidentaux entraînera un changement du paradigme : tout comme le triomphe du communisme a amené son éclatement et sa disparition, je ne pense pas que les choses en restent là. Les États en prise à des difficultés croissante avec leurs population une fois l'impossibilité de poursuivre leur vie à crédit (chômage de masse, insécurité, pauvreté voire misère) prendront des mesures drastiques pour rapatrier la richesse et sauver ce qui peut l'être.

Qui paiera ce bouleversement : les actionnaires et les entreprises privées. Ceux qui s'y opposeront le paieront de leur vie (à l'exemple de ce qui se passe en Russie actuellement. Il est extrêmement facile pour un État qui dispose par définition de la force régalienne d'arrêter les gêneurs. Ceux qui joueront le jeu verront s'ouvrir à eux de nouvelles rentes de situation).

Ce jour là, les gouvernements mettront en œuvre des moyens et des politiques de survie qui casseront le système : c'est une loi immuable de la nature : nul organisme n'accepte sa mort sans combattre, et dans ce combat les États - qui font la loi chez eux - auront forcément le dernier mot.

Mes prévisions : la fin de la mondialisation, le retour des frontières, la fin de l'euro, l'arrêt du libre-échange et des régimes autoritaires et fermés dans une partie des grands pays occidentaux.

jeudi 25 novembre 2010

Comment cela va se finir

Au Brésil, des chars viennent de se poster aux abords des favelas de Rio et s'apprêtent à rentrer en action ! Pour ceux qui ont vu le film brésilien passionnant "Troupes d'élite", ce n'est pas une surprise.

En France, depuis quelques années, la destruction des grandes barres d'HLM est supervisée par les préfets et la reconstruction obéit à de savantes règles pour faciliter la pénétration de blindés jusqu'au coeur des quartiers. De nombreux livres ont été écrit sur le sujet de la préparation de l'intervention d'un corps d'armée spécialisé pour le jour où les forces de l'ordre classiques seront "débordées".

Quel désastre des 2 cotés !

La différence - de taille - entre le Brésil et la France tient au cœur du problème : l'inégalité de la croissance dans le premier et la fatalité de la décroissance dans le second, ce qui n'est pas du tout pareil.

Au Brésil, je ne sais pas comment cela va se finir. En Europe, je sais : tôt ou tard, un parti d'opposition d'un grand pays va faire campagne pour la sortie de l'euro et le dépôt de bilan, il gagnera les élections et mettra en œuvre son programme.

L'euro explosera, et avec lui l'Europe. Les frontières se refermeront et le protectionnisme réinstallera un modèle économique qui n'aura plus rien à voir avec le modèle actuel. Impossible ? Les américains des États du Sud - sur un territoire supérieur à l'Europe - en ont été empêchés par la force la plus brutale.

Y aura-t-il un Grant ou Shermann dans les pays voisins pour empêcher la sécession ? j'en doute fort.

A moins tout simplement que l'Irlande ne donne l'exemple dès janvier prochain, imitée en cela par la Grèce. Si ces 2 pays se déclaraient en faillite, l'euro n'y survivrait pas et chaque pays devra bien en tirer les conséquences.

jeudi 21 octobre 2010

Supplique à Moody's (ou Standard & Poor's)

Considérant :

L'envolée de la dette publique depuis 30 ans
La faible part détenue par les résidents
Le très fort niveau des déficits publics
Le poids excessif des dépenses publiques dans l'économie française
L'échec du système éducatif et de l'intégration
La violence gratuite qui se déclenche à chaque occasion dans le pays
L'incapacité des syndicats et des partis d'opposition à comprendre les moindres règles économiques
L'incapacité du gouvernement à gouverner et à réformer.

Vous serait-il possible de voir les choses en face et de nous enlever ce triple A qui n'est plus justifié ?

La forte augmentation des taux d'intérêt qui s'en suivra nous étranglera au début, mais avec l'aide du FMI nous arriverons, j'en suis convaincu, à couper la tête de cette hydre étatique qui tue lentement le pays depuis 30 ans.

1815, 1871, 1914 et 1940 : 4 périodes de notre histoire en un peu plus d'un siècle où la France est tombée au plus bas, et dont elle a su se redresser à une vitesse qui a étonné ses plus féroces détracteurs.

Mais il nous faut pour cela toucher le fond et sentir le poids de nos péchés.

Nous n'y arriverons pas sans vous !

Merci d'avance

samedi 9 octobre 2010

Tendances de l'économie

Entendu au salon du forum de l'investissement, au Palais des Congrès à la Porte Maillot en Septembre. Toujours valable , non ?


La Chine dépassera les États-Unis vers 2030 pour devenir la 1ère puissance économique mondiale. Les États-Unis n'ont aucune chance de garder le leadership mondial. Le changement de leadership mondial est une chose qui n'arrive pas souvent, et cela s'accompagne souvent d'une guerre.

La force de la spéculation reste intacte : paradis fiscaux, trading des banques. La spéculation s'est déplacée sur le marché des devises et des matières premières.La hausse des matières premières va condamner les populations des pays pauvres et risque de provoquer des émeutes de la faim difficilement contrôlable.

La crise systémique n'est pas terminée, nous sommes encore au milieu.

Il faut aller chercher la croissance la où elle est, c'est à dire en Asie.

L'Euro est la variable d'ajustement des devises mondiales. La zone Euro ne pourra pas faire grand chose pour contenir une hausse de l'euro, d'autant qu'il y a quelque mois, l'Euro était en danger de mort et il est difficile dans ce contexte de se plaindre d'une remontée ponctuelle de l'Euro.

dimanche 26 septembre 2010

Trafalgar Stalingrad même combat perdu d'avance

Le parallèle entre Napoléon et Hitler m'a toujours intrigué : ils se sont lancés tous deux dans des guerres qui ont fait pour leur époque un nombre inédit de victimes, ils ont dominé l'Europe et connu la gloire avant de connaître la défaite finale. Dictateurs venus au pouvoir par des moyens "presque" légaux, ils ont commis des crimes contre l'humanité qui ne les ont pas empêché une popularité de leur vivant.

Bien sûr, et pour des raisons que je ne m'explique pas tout à fait, les crimes nombreux de Napoléon ne l'ont pas empêché de retrouver une popularité posthume et assumée en France : oublié le retour à l'esclavage, les mises à sac des colonies rebelles, le bannissement du général Dumas - père de l'écrivain et héros de la révolution - le meurtre du duc d'Enghien, les atrocités de la guerre d'Espagne, les 2 millions (oui vous avez bien lu) de morts durant les milliers de batailles dans toute l'Europe pendant près de 15 ans (3 fois la durée de la seconde guerre mondiale !).

Je suis bien conscient que malgré cela une telle comparaison peut choquer, pourtant un documentaire hier soir sur Arte (une chaîne franco-allemande tiens tiens) à propos de la bataille de Trafalgar m'a fait tilt. Bien sûr, comme tout un chacun je connaissais l'histoire de la mort de l'amiral Nelson pendant sa plus grande victoire navale. Mais il y a bien d'autres choses !

Tout d'abord, quand Napoléon rassemble sa grande armée au camp de Boulogne (200 000 hommes) et distribue dans un cérémonial inédit pour l'époque plus de 2000 légions d'honneur en grande pompe, cela ressemble fortement aux rassemblements de force nazis.

Ensuite, son plan fou d'utiliser la marine - sans la prévenir - pour servir d'appât afin d'éloigner la flotte anglaise pour débarquer en Angleterre, plan qui permettra seulement d'épuiser notre jeune marine par une traversée de l'Atlantique. Instructions doublement stupides ensuite d'abord de remplacer l'Amiral Villeneuve - accusé de passivité - tout en lui laissant le temps de ré appareiller (il s'était réfugié avec la flotte franco-espagnole à Cadix en Espagne) pour suivre une instruction aberrante selon laquelle il (Napoléon) préférait un combat perdu pour la gloire à une prudence trop grande, alors que les anglais étaient maîtres des mers. Résultat : un suicide de la flotte française (5000 marins morts, les survivants presque tous faits prisonniers, la fin de la marine française) ...

Vraiment, cela ressemblait à Stalingrad avant l'heure : une défaite annoncée pour la gloire qui finalement condamne son armée à la défaite finale.

Ah oui, Napoléon ne sortait pas grandi de ce documentaire d'Arte !

Et Hitler, si superstitieux, connaissant tout le détail de la retraite de Russie de son illustre ainé, et qui finalement choisit le même jour pour lancer ses troupes à l'assaut : le 22 juin exactement, 129 années plus tard, et qui y rencontrera les mêmes affres du général hiver et au final la même défaite.

NB : un survol rapide du site "Napoleonprisonnier" : je lis, bilan de la guerre d'Espagne : environ 50 000 soldats étrangers, 200 000 soldats français et 250 000 espagnols - victimes directes civiles et militaires - et 650 000 en incluant les morts de famines. Effrayant !

dimanche 12 septembre 2010

La réforme des retraites

Officiellement, il y a 2 camps qui s'affrontent : la droite chantre de l'efficacité et du réalisme économique, la gauche défenseur des petites gens et de la justice sociale.

En fait, cette réforme est inutile et dangereuse puisqu'elle se traduit pour une grande partie par un financement des retraites par l'impôt. Une fois de plus, la droite en France fait la politique de la gauche qui n'a plus ensuite qu'à finir le travail.

Le problème de la France aujourd'hui est simple : l'inefficacité et le coût de son modèle économique. Pourquoi perdre du temps sur les retraites alors qu'il faudrait régler les problèmes du déficit budgétaire et commercial ?

L'objectif du gouvernement est clair : donner des gages à moindre coût, sauver ou repousser la perte du triple AAA et se faire passer pour courageux. La réaction de la gauche et des syndicats est convenue et fera sourire les journalistes étrangers qui commenteront à foison le goût des français pour la "grève" ! Et le tour est joué.

L'euro nous a donné un sursis de 10 ans qui le jour des comptes venu se révèlera très couteux, aussi j'espère que le plus rapidement possible nous perdrons le triple AAA et sortirons de l'euro puisqu'il semble que seules les périodes de faillites et de désastres inspirent nos hommes politiques. J'ai la conviction que plus vite cela arrivera mieux ce sera, car le temps joue contre nous.

Pour se changer les idées et sortir de sa tête ce problème qui risque de rester d'actualité pendant les prochains mois, une redécouverte au hasard d'une relecture d'un livre de Jean-Marc Porte sur l'Everest : Marco Siffredi, alpiniste et surfer de génie disparu à l'âge de 23 ans en 2002 sur la face nord de cette même montagne.

Alpiniste confirmé qui a réalisé 2 fois la montée sur le toit du monde et des dizaines de 6000 et 7000 m, il est le seul à ce jour à avoir descendu la totalité de la face nord en surf l'année d'avant. Une recherche sur Google vous permettra de visionner des extraits de vidéos hommages, ou en streaming (DVD épuisé) le film sur sa courte vie : "Marco étoile filante". On y voit un jeune impressionnant de maturité et pas du tout tête brulée qui sait cependant qu'il n'a pas droit à l'erreur sur des pentes verglacées de 50° à 8000 m. Le moment de sa disparition, alors qu'il vient de gravir seul avec son sherpa - au printemps et donc dans des conditions encore très neigeuses et difficiles - avec 4 heures de retard sur l'horaire de sa 1ère montée - l'Everest et alors qu'on le voit faire ses premiers virages avant de disparaitre dans le couloir Hornbein est vraiment très émouvant.

Pour remettre à son vrai niveau sa performance, il faut se rappeler qu'environ 10% des alpinistes partant pour l'Everest y décèdent et que seuls quelques uns ont réussi plus d'une montée. Pour des raisons de sécurité, il portait lui même sa planche sur le dos lors des ascensions et il ne pouvait bénéficier pour des raisons techniques de l'oxygène lors de la descente (il n'aurait rien vu !) et donc risquait le mal des montagnes dans la zone dite de la mort.

Il est peu d'exploits qui n'aient pas été réédités au moins une fois par la suite, la descente en surf de l'Everest par la face nord en 2001 par Marco Siffredi en est un. Cela fera bientôt 10 ans, souhaitons que ses amis ou sa famille puisse organiser un hommage à la hauteur de l'exploit !

lundi 6 septembre 2010

Merci aux Belges !

Changement de programme et place à l'actualité : je reviendrai plus tard sur mes passionnantes lectures de vacances.

Il y a quelque mois, j'avais remercié nos amis grecs pour avoir accepté d'être les premiers cobayes du laboratoire "euro", ces petites bêtes à la vie triste et pourtant si indispensables (pardon à la SPA). Dans la série, comment fait-on quand on n'arrive plus à emprunter sur les marchés ? les Grecs nous ont ouvert la voie : on appelle au secours ses voisins et on réduit fortement les dépenses publiques. Reste à voir si l'économie repartira : réponse dans 1 an.

Nos amis belges, plus proches de nous, nous proposent actuellement une deuxième expérience en laboratoire qui n'est pas mal non plus : la disparition d'un pays ! Oh certes, l'agonie sera longue et justifiera le terme usuel de "longue maladie" pour ne pas dire que c'était incurable ...

Auparavant, un pays se caractérisait d'abord par une frontière et une monnaie. Depuis l'euro et les accords de Schengen, n'est pas le gouvernement qui en devient le premier symbole ? Or, la Belgique n'arrive même plus à en former un : si tant est qu'elle y arrive - par miracle - on peut douter qu'il résiste à la première crise venue, et donc oui la Belgique ne semble d'ores et déjà plus vraiment un pays selon ce critère.

Notons au passage qu'au plan économique, avec un gouvernement affaibli ou absent depuis des années, elle ne semble pas faire moins bien que nous. Que deviendra sa dette ? Les Flamands et les Wallons décideront-ils de créer un pays à l'image des Tchèques et des Slovaques ou préféreront-ils malgré leurs différences aller voir du coté de leurs grands voisins respectifs (et en quelque sorte revenir à un passé pas si lointain) ?

Comment se fait-il que la Belgique arrive encore -semble-t-il - sans trop de difficulté à se financer ? Est-ce le signe que les marchés ne croient pas encore à la scission ou qu'ils pensent que cela sera sans effet sur le remboursement ?

Comment la dette sera répartie entre les deux parties en cas de scission ? Les banquiers conseils ont encore de beaux jours devant eux. Que deviendront les très nombreux expatriés fiscaux français qui font le bonheur de la ville de Bruxelles ?

Nos rêves de grandeur nous feront-ils oublier - si l'occasion se présente - que l'annexion de la Wallonie se traduirait par un boulet de plus aux pieds déjà fragilisés de l'économie française ?

Agonie, agonie .... ça peut durer. Il peut ne rien se passer pendant un bout de temps. Belgique et dette française même combat : peut-on considérer qu'un problème insoluble n'est pas gênant si on a l'éternité devant soi ?


NB : je ne comprends pas trop les arguments de Paul Krugman sur les bienfaits de la dette : il explique que l'hyper-endettement du à la seconde guerre mondiale a eu un effet bénéfique sur la croissance de l'après guerre et que donc il ne faut pas craindre un nouveau méga plan de relance aujourd'hui. Oui, mais où sont les centaines de millions de maisons à reconstruire de l'Europe, de la Russie et de l'Asie de l'après-guerre ? Le fameux "Allemagne année Zéro" de Rossellini. Sans parler de la conversion de l'économie américaine du civil au militaire et vice-versa qui doit représenter le même niveau de destruction créatrice. Vraiment, je ne vois pas l'hyper-endettement actuel des US avoir le même effet d'entraînement qu'en 1945.

mercredi 11 août 2010

Lectures d'été - relectures d'hiver

Pour ceux qui s'intéressent à l'histoire, je ne saurais trop recommander la lecture de plusieurs livres très intéressants :

"Les erreurs stratégiques du IIIe Reich pendant la Deuxième Guerre mondiale" de Bernard Schnetzler aux éditions Economica

"L'impardonnable défaite" de Claude Quétel aux éditions JC Lattès.

Dans ce dernier, on voit comment la France, pays vainqueur de la grande guerre mais exsangue, abdique progressivement volonté, bon sens et courage pour s'enferrer dans des luttes intestines et des rêveries. Des politiques défaillants et des généraux incapables amènent la plus grande défaite de l'histoire du pays.

L'installation de nos forces les plus efficaces en Belgique et Hollande, hors de la protection de la ligne Maginot - malgré la découverte répétée des plans d'invasion allemands précis - et la lenteur de la réaction face à une invasion chaotique par les Ardennes (colonnes de chars embouteillés, roulant sur une file et devant pousser dans le fossé les chars en panne pour passer ...) relèvent presque de l'anecdote, même si elles nous font dire que malgré tout la défaite pouvait encore être évitée presque jusqu'à la fin.


A propos du premier livre, et parmi les principales erreurs du 3 ème Reich que j'ai retenues : la campagne sur trop de fronts en même temps au début de la guerre avec notamment une campagne sous-marine très consommatrice de ressources pour l'industrie de guerre allemande et qui priva le front de l'Est des quelques panzers divisions supplémentaires indispensables à la victoire. Une campagne de Russie ignorante de la météo hivernale : un simple arrêt des opérations en novembre en 1941 et 1942 aurait sans doute sauvé l'armée allemande, puis enfin un gaspillage des ressources qui a laissé plusieurs centaines de milliers de soldats sur des zones de non-combats (Le non- rapatriement des troupes d'occupation de Jersey et Guernesey sur le front de Normandie est un petit exemple révélateur. Celui des troupes d'occupation de Norvège également, à une plus grande échelle).

En synthèse, une campagne sur trop de front à la fois occasionnant une dispersion des moyens dans la phase offensive, et trop ambitieuse, se traduisant par des pertes évitables - jusqu'à fin 1942 - puis paradoxalement, une gestion trop timorée et trop conservatrice dans la seconde phase - à partir de la bataille de Koursk.

Un élément qui ne doit pas être négligé, c'est l'usure des forces : ainsi les batailles de Pologne et de France ne furent pas les promenades de santé imaginées par les néophytes : la Luftwaffe y perdit plus de 2000 avions, la Wehrmacht 100 000 morts et 200 000 blessées (plus qu'à Stalingrad). Il est vrai qu'ensuite les combats devinrent titanesque puisqu'à Koursk il fut tiré plus d'obus en une journée que pendant ces 4 mois de guerre.


Sur Arte, une émission très instructive sur l'histoire du pétrole. C'est passionnant de savoir que l'industrie américaine fournit à l'Allemagne jusqu'en 1941 les matières chimiques rares et indispensables à la production de l'essence de synthèse sans laquelle les panzers n'auraient pu envahir ni la Pologne ni la France.

Voilà une réponse à faire aux lobbys américains qui cherchent noise à la SNCF (rappelons aussi que les américains laissèrent les nazis faire la loi dans les camps de prisonniers allemands aux États-Unis jusqu'à la fin de la guerre, et que les exécutions sommaires de prisonniers souhaitant s'en détourner étaient légion, avec la neutralité bienveillante de leur gardien. Et eux n'étaient pas occupés).

Par ailleurs, intéressant également de savoir que les ingénieurs allemands ne purent adapter les pétroles du Caucase tant les moteurs allemands étaient exigeants en terme de qualité, à l'inverse des moteurs diesels rustiques des T34 russes.

samedi 7 août 2010

Où va-t-on ?

Non, je ne veux pas dire où passons nous nos vacances. Encore que c'est un sujet plein d'intérêt. A cette question, il semble que la réponse soit sans surprise un peu plus en France et un peu moins à l'étranger. Évidemment, c'est moins loin ... encore que, ça dépend pour qui. Pour un breton, tout est loin (mais il peut rester en Bretagne, dans son coin idéalement. Non je plaisante, j'aime bien la Bretagne, à part qu'il y pleut un peu trop souvent à mon goût).

Non, je veux dire, où va le monde et notre beau pays ?

Au plan démographique, vers la poursuite de la croissance de la population mondiale, à un rythme certes légèrement réduit. Mais ce n'est pas cet indicateur global qui est pertinent, mais plutôt celui beaucoup plus difficile à estimer de la population vivant selon un mode de vie occidental car c'est la croissance de cette catégorie de la population qui nous amène droit vers la pénurie des ressources dans les 20 prochaines années. Et cette croissance semble exponentielle. Pour le vérifier je n'aurai qu'à retourner à Chennai (ex-Madras) dans 1 ou 2 ans et comparer avec ce que j'ai vu il y a 3 ou 4 ans. Je suis certain que je ne reconnaitrai pas la ville.

Dans ce contexte, les interrogations sur la surchauffe en Chine sont intéressantes pour les boursiers (encore que les marchés anticipent donc ils baissent souvent avant que cela ne se produise) mais nous font perdre de vue l'essentiel : la dynamique des pays "neufs" n'est pas prête de s'arrêter ou même de se ralentir sur le moyen terme. La base augmentant chaque année, il arrivera le moment où celle-ci sera suffisante pour tirer à elle seule la croissance mondiale.

Et la France ? Elle fait clairement partie du clan des estropiés et cela nous permet d'entendre des cocoricos assez incroyables du type : "nous avons perdus 2 fois moins d'emplois industriels que nos voisins en 2009 ....". Ah bon ? 250 000, c'est quand même pas mal. Quand on connaît la prudence extrème avec laquelle les entreprises recrutent en France, on se dit qu'on n'est pas prêt de les retrouver.

Alors, où va-t-on ? oh, je ne suis pas devin et il y a sans doute mieux à faire en plein mois d'août. Restons alors très général, c'est faire d'une pierre 2 coups : moins prendre le risque de se tromper et aller plus vite.

Pour reprendre une métaphore d'actualité, un bon moyen de prévoir notre destination c'est de regarder d'où on vient et d'imaginer les changements de direction possibles.
Ces dernières années, nous avons connu (en dehors de la crise de 2009) une croissance médiocre supportée par la consommation des ménages et l'accroissement des dépenses publiques. Pour les raisons que tout le monde connaît, ces 2 moteurs sont en panne. Il faut en trouver d'autres, au risque de se crasher (c'est l'avantage avec un avion qui lui doit se contenter de son équipement de départ).

Oui, mais lesquels ? Et comment les allumer ? On conçoit bien que s'il y avait en France un début de début de réflexion et de mise en oeuvre, ça se saurait et on en débattrait. Vraiment, on est exactement comme en 40 : convaincus de notre "incapacité" et attendant je ne sais quel miracle. On sait comment ça s'est fini.

Alors : cette fois-ci ? Imaginons : une dégradation de notre dette dans 5 ans (ou plus tôt ?), un poids des intérêts étouffant le budget et nécessitant une hausse drastique des impôts d'ici 10 ans entrainant une chute de l'activité et de la valeur des actifs, dont le premier - l'immobilier. Avec quelles conséquences ? pas facile à imaginer, mais certainement une aggravation de la pénurie de logement et donc de la crise sociale. Les brésiliens ont trouvé la réponse (développement séparé et sécurité militaire pour les classes supérieures). on a 20 ans pour trouver la nôtre.

Commentaire d'un de mes lecteurs que j'ai vu récemment : "c'est pas mal ton blog, mais tu ne serais pas un peu révolutionnaire ?" Non, je ne pense pas. S'intéresser et prévoir n'est pas faire. Un révolutionnaire, c'est quelqu'un qui agit. Je préfère chroniquer, ça me suffit ! Je ne souhaite pas la révolution non plus, mais je ne vois pas pourquoi je chausserai des lunettes roses pour me remonter le moral.

Prochain sujet de ma chronique : Hitler - sujet détestable bien sûr (je réponds à un 2ème lecteur : "dis, tu ne serais pas un admirateur, par hasard, pour t-y intéresser autant ? NON, mais il fait partie des quelques hommes qui ont marqué le 20ème siècle ... Et il a été un excellent révélateur de nos lâchetés françaises). Deux analyses : 1) Le troisième Reich aurait-il pu gagner la seconde guerre mondiale ? 2) Quelle fut l'attitude d'Hitler par rapport aux allemands pendant la guerre. Passionnant, non ? Et vous verrez, en m'appuyant sur des ouvrages sérieux je donne des réponses non convenues.

Bonnes vacances !

mercredi 14 juillet 2010

L'Espagne meilleure que la France

Finalement, l'Espagne aura été meilleure que la France !

Alors qu'il y a 4 ans, Zidane avait fini par péter les plombs face à l'anti-jeu des Italiens (de l'agression délibérée de Thierry Henry à la 1ère minute jusqu'aux insultes fameuses d'un défenseur fortement tatoué ...), les Espagnols ont cette fois sagement décidé de rester de marbre et ils ont finalement récolté leur du. L'arbitre ne l'avouera jamais c'est certain mais il avait certainement décidé de donner aux Espagnols un "droit à l'erreur" qui leur fut bien pratique en seconde mi-temps. Le football est finalement sorti vainqueur d'un match chaotique. Attendre les tirs au but ne marche pas à tous les coups !

J'ai toujours aimé l'Espagne. Ce fut un grand peuple et une grande civilisation. La guerre civile y fut terrible mais on ne s'en étonne pas quand on connait leur courage légendaire. Cette victoire va certainement leur faire du bien, et c'est tant mieux. Ils ont de grands champions sportifs, reste à réinventer un modèle de développement économique autre que l'hyper-tourisme, l'hyper-immobilier et l'hyper-agriculture. Pas facile ! Notons cependant que plusieurs constructeurs automobiles viennent de confirmer les plans de développement de leurs usines automobiles en Espagne (PSA et VW entre autres).

Sur un tout autre plan, j'ai assisté au défilé du 14 juillet entre 2 averses orageuses. Bonne nouvelle ! L'armée française ne craint pas la pluie. Ni les hélicoptères ni les parachutistes.

En assistant au défilé, je pensai à une étude récente montrant que la machine la plus complexe et la plus aboutie à ce jour créée par l'homme est le sous-marin nucléaire lanceur d'engins (SNLE). Il n'y a rien de plus complexe et de plus terrifiant. Seuls 2 pays au monde en ont la maîtrise totale : les Etats-Unis et la France (les anglais ont des sous-marins américains, et les russes ont ne sait plus trop).

Il est assez sidérant de penser que notre pays qui ne sait plus traiter les problèmes de sécurité les plus banals comme par exemple le vol de cables de cuivre sur ses autoroutes qui met gravement en cause la sécurité des conducteurs, arrive encore à dépenser des dizaines de milliards d'euros pour perfectionner des missiles (M5 ?) déjà capables de vitrifier plusieurs fois la planète.

Je ne suis pas anti-militariste loin de là, mais il y a vraiment quelque chose qui ne tourne pas rond dans notre beau pays, à être les meilleurs du monde dans l'inutilement coûteux et être incapables dans le nécessaire quotidien.

Enfin, on a déjà supprimé la garden party ! Elle ne me gênait pas, en fait ...
Je n'y ai jamais été invité, mais à voir la bousculade, je ne suis pas sûr qu'on puisse la qualifier de partie de plaisir ? Vivement qu'on la remette, ça voudra dire que la crise est finie.

samedi 19 juin 2010

La faillite de l'équipe de France

Ça y est : on est éliminé !

Tout d'abord, rappelons nous qu'on a toujours eu du mal à se qualifier pour les phases finales, et qu'en moyenne on y faillit une fois sur deux. Donc, en soi le résultat n'est pas aberrant. Au lendemain de la défaite de la France contre l'Italie en 2006, je ne partageais pas l'intérêt des médias et du public pour ce que Materazzi avait pu dire à Zidane (peut-être suis-je un peu trop réaliste mais je pensais que les joueurs s'insultent souvent et qu'ils s'agissait là d'une tentative de déstabilisation lambda). Je regrettais surtout qu'on ait pas joué nos chances jusqu'au bout comme si on n'avait pas conscience qu'une place en finale est en soi une chose extraordinaire : ainsi un vendeur de journal du kiosque de Saint-Philippe du Roule me disait :"on gagnera la prochaine fois" et moi de lui répondre : "il est plus probable qu'il n'y en aura pas d'autre occasion de notre vivant". Je me basais sur une statistique simple de notre performance depuis le début de la coupe du monde, malheureusement.

Donc 2006 fut plus l'exception que 2010 (1998 étant à part, nous étions chez nous. Les anglais voient de quoi je veux parler). Ce qui est intéressant aujourd'hui, c'est le contexte très particulier : rarement le grand public et la presse n'ont eu autant la prescience de cet échec annoncé. En management, c'est un cas d'école car on y trouve toutes les causes.

Un entraîneur discrédité, maintenu à son poste pour des raisons financières stupides (ne pas lui payer d'indemnités ?), qui n'a pas d'idées ou de messages à passer sur son sport et qui ne se fait pas respecter. La dernière polémique sur ce qu'aurait dit Anelka n'est que la suite logique d'une déliquescence générale dans l'équipe.

Malheureusement, et si l'équipe de France était représentative de son pays ? Et si nous ne valions pas mieux comme pays que cette équipe ? Pas très politiquement correct, d'accord. Vous voulez quelques exemples : au choix, l'esprit de lucre de ceux qui nous gouvernent (je pense à l'affaire Boutin et à ce qu'elle a révélé chez nos dirigeants), leur faiblesse et leur incapacité à gouverner (comparons les plans de rigueurs de l'Allemagne et de la France) et la démagogie de nos syndicats et des partis de gauche (faire payer les retraites par les riches !).

Vraiment, on espérait malgré tout un miracle pour l'équipe de France, il n'est pas arrivé. On espère aussi que la dégradation de la note de la dette française arrivera le plus tard possible mais nous serons surpris quand ça arrivera !

Vive l'équipe d'Algérie ! Ils en veulent au moins.

mardi 1 juin 2010

Le conflit Israël - Palestine : une analyse raisonnée

Le sujet est tellement sensible que le titre peu sembler provocateur, mais je vais quand même essayer puisque notre pays entretient de bonnes relations avec les 2 parties concernées.

Commençons par une évidence parfois oubliée : Israël est un état né de victoires sur le champs de bataille, et il n'est pas très différent en cela des autres si ce n'est que ces guerres sont relativement récentes et que la situation actuelle s'apparente plus à une situation d'armistice que de paix réelle. La France que nous connaissons est née des victoires de l'armée révolutionnaire de 1789 et de la paix réelle avec une Allemagne nazie vaincue et dévastée.

Le droit international est une belle idée quand les protagonistes sont également d'accord pour l'appliquer, sinon, c'est la loi du plus fort qui vaut. Les territoires palestiniens (Bande de Gaza, Cisjordanie et Jérusalem Est) sont soumis à la loi de leur vainqueur qui n'entend partager avec personne un pouvoir qu'il tient de ses victoires militaires. Israël entretient avec le reste du monde une relation faite d'un mélange d'autisme et de paranoïa qui consiste à ne jamais dévier de sa politique quel qu'en soit le prix, et les palestiniens savent que les pays arabes limiteront leur aide à des larmes de crocodiles, ce problème n'étant pas vraiment le leur.

Voilà, ça peut durer assez longtemps, surtout si on tient compte de l'exiguïté des territoires en question (Israël et Palestine) qui rendent impossible la sanctuarisation du terrain même pour la partie la plus forte militairement. Alors, pourquoi ce convoi ? L'objectif était sans doute de faire d'une pierre 2 coups : une victoire dans l'hypothèse fort peu vraisemblable ou Israël le laisserait passer, un drame utile dans l'hypothèse plus probable où l'arraisonnement se passerait mal en raison de la taille du convoi. C'est finalement ce qui s'est passé. La quasi-rupture des relations diplomatiques avec la Turquie sera toujours ça de pris.

Revenons à l'occupation d'Israël des territoires palestiniens et comparons là à l'occupation allemande de 1940 - 1944. L'occupation allemande fut brutale et totale au plan militaire, du maintien de l'ordre et des symboles : exécution répétée d'otages, condamnation à mort pour non respect de couvre feu ou manifestation (par exemple, le 1er "14 juillet" juste après la défaite), drapeaux allemands sur tout Paris et notamment les monuments - dont l'assemblée nationale. Elle fut brutale au plan économique avec des indemnités journalières exorbitantes, la fixation d'un taux de change spoliateur et des transferts de nourritures pour l'armée d'occupation permettant en fait de nourrir une partie de l'Allemagne.

L'occupation israélienne est différente sur ces 2 points : pour le premier, malgré la brutalité apparente l'état démocratique apporte une limite à cette violence (je comprends que certains puissent contester ce point), pour le second, on peut résumer en disant qu'il n'y a pas grand chose à prendre en Palestine.

L'occupation allemande ne fut pas l'occasion d'un soulèvement de masse du peuple français, la résistance active étant limitée à un nombre très faible de personnes, ce qui ne veut pas dire qu'elle fut négligeable ou inutile bien au contraire. Du coté allemand, malgré le mépris occasionné par la défaite de 1940, 2 sentiments coexistaient ; d'une part, la fierté d'avoir mis à terre un adversaire valeureux (cf 1914-1918) et d'autre part l'idée que la guerre gagnée il serait temps de distinguer les sous peuples des autres. Par chance, n'en déplaise à certain, nous étions du bon coté dans l'axe géographique Est-Ouest, il n'y a qu'à voir comment nos amis polonais ont été traités eux pendant la même période (et le sort de Varsovie avec la complicité active de Staline ...).

Là aussi, la situation est inversée : l'occupation israélienne - certainement parce qu'elle a été beaucoup plus longue que l'occupation allemande, a connu les révoltes générales des palestiniens (2 intifadas) rendant impossible la poursuite d'une occupation militaire classique et sa transformation en un blocus total. Je ne sais pas exactement ce que pensent les dirigeants israéliens des palestiniens mais j'ai peur qu'ils soient près de les classer dans une catégorie très inférieure à la leur et rejoindre finalement la classification de nos anciens vainqueurs sur les peuples slaves.

En synthèse, le cycle de la violence de cette occupation / blocus me semble avoir tout le carburant nécessaire pour perdurer encore pas mal de décennies. On ne voit pas qui les palestiniens pourraient avoir comme libérateurs externes. La seule voie sage serait sans doute pour eux la collaboration et l'abandon de la violence pour essayer de regagner démocratiquement les droits perdus, à l'image des noirs d'Afrique du Sud, mais c'est sans doute trop tôt. Dans cinquante ans peut-être un premier ministre israélien palestinien d'origine ? Cela ne m'étonnerait pas plus que ça.

dimanche 23 mai 2010

L'euro : l'épreuve du feu

J'appelle épreuve du feu ce moment clé où les protagonistes vont connaître succès ou échec. Je pense en premier lieu à l'effondrement de l'armée française en 1940 qui coûta indirectement la vie à 60 millions d'hommes et de femmes dans le monde, et qui pèse encore certainement aujourd'hui sur le moral de notre beau pays. Le feu renforce le métal et consume le bois : il n'a pas de pitié pour la beauté de l'objet, seule compte sa composition moléculaire. Les idées que défendaient la France d'alors étaient belles, mais elles ne pouvaient rien contre la volonté d'une machine d'acier.

L'euro traverse incontestablement son épreuve du feu, 10 ans après sa naissance. La lecture des attendus des traités de Maastricht et de Lisbonne est suffisante pour douter de sa capacité de résistance : Stabilité et croissance, tels étaient les objectifs. Stagnation et instabilité, voici le résultat.

Tout le monde, ou presque, sentait bien que la hausse de l'endettement public touchait à sa fin et qu'une remise en ordre des finances publiques serait bientôt indispensable. Le problème, c'est la méthode : tout miser sur la réduction des salaires de fonctionnaires et la hausse des impôts semble incertain, d'où la déception des marchés financiers. Tous les experts s'accordent à penser que seule la croissance et l'inflation peuvent permettre de rembourser des sur-endettements.

A la guerre, la priorité est finalement donnée à la première ligne au détriment de l'arrière. Pour nous, l'arrière, ce sont les retraités, les épargnants et la consommation. La 1ère ligne les gens qui travaillent, ou qui sont en âge de travailler, et la production. Tant que nous ne décréterons pas la mobilisation générale en Europe pour la croissance par la production et pas seulement par la consommation, qui est une sorte de drogue puisque nous n'avons pas les moyens de la payer autrement que par de l'endettement, nous n'y arriverons pas.

L'aspect positif des choses, c'est que parfois - même vaincu - on peut renaître de l'épreuve du feu. En tout cas, faisant fausse route, tout vaut mieux que le statu quo et c'est ce qui finalement me rend optimiste : il falloir changer en France, soit pour éviter la faillite, soit après la faillite.

dimanche 9 mai 2010

"L'ENGRENAGE Mémoires d'un trader"

J'ai lu d'une traite le livre de Jérôme Kerviel qui vient de sortir.

Bien sûr, la première question qu'on se pose c'est de savoir si son histoire sonne vrai et si sa version des faits est crédible. Il est vrai que c'est un livre écrit par quelqu'un qui va bientôt affronter la justice et cela met forcément le doute. Personnellement, je réponds oui : il y a dans ce livre une profondeur humaine et un niveau de réflexion, une précision de l'histoire et un sens du vécu qui m'a convaincu. Bien sûr, on peut regretter qu'il ne détaille pas plus les derniers mois fatals qui lui on vu prendre des risques exponentiels.

Le procès public permettra à la Société Générale de préciser sa version des faits, et à nous de vérifier s'il masque des éléments critiques, mais je serais étonné qu'ils puissent continuer à prétendre que l'ensemble de la hiérarchie a été trompée par un génial manipulateur et fraudeur comme ils l'affirment.

Cependant, au vu de l'histoire racontée, on comprend que la banque se soit sentie obligée de présenter cette version tellement les faits semblent accablants pour elle. Il y a une telle absence de réaction à l'augmentation vertigineuse des risques pris que je me demande dans quelle mesure on ne pourrait pas inventer la notion de "non-assistance à trader en danger"

Il faut lire ce livre qui contient plusieurs morceaux de bravoure dont le plus savoureux est sans doute la longue description de la "découverte" des faits par la plus haute hiérarchie de la banque, d'abord incrédule à l'idée d'un gain de 1,5 milliards d'€ sur 2007, puis convaincu et prête à se jeter dessus pour compenser les pertes sur les sub-prime, mais quelques minutes plus tard enfin lucide et se disant que les choses ont pu mal évoluer sur 2008 avec la question du "big boss" qui tue : "et sur début 2008, Jérôme, tu n'as pas pris trop de risque ?".

Parmi les quelques infos intéressantes : la réaction du back-office et du contrôle financier qui découvrant que la contrepartie "Baader" ne confirme pas (et pour cause), lui demandent de modifier la saisie en intitulant "contrepartie à confirmer"

On apprend aussi que le prix du silence est estimé par la banque à 700 000 € (cf copie des transactions de départ de ses 2 boss). Ce qui prouve soi dit en passant qu'il a quelques alliés au sein de la DRH de la banque !

Enfin, "last but not least", les conditions du dé-bouclage des positions, avec un trader ignorant ce qu'il fait au milieu de la salle de marché, un jour où Wall Street était fermé. Ce qui fait douter que les traders de la banque n'en aient pas profité pour cacher quelques noisettes (leur expression pour dire planquer des profits), surtout quand on a lu la pratique du fameux "mur de Chine" qui s'apparente à une vaste fumisterie.

Edifiant.

NB : j'ai lu le commentaire dans les Echos de Guillaume Maujean qui le qualifie de livre sans révélation. Peut-être dans la mesure où Jérôme Kerviel ne fait que réaffirmer sa thèse selon laquelle la banque ne pouvait pas ignorer ses positions, néanmoins je trouve que c'est assez percutant et ce sera au cœur du procès certainement.

vendredi 30 avril 2010

Grèce : la suite ?

Le plan d'aide à la Grèce concocté actuellement par le FMI, la BCE et l'Europe devrait comporter un financement important en échange d'un renforcement des mesures d'austérité. Personne ne peut garantir aujourd'hui qu'il suffira à sauver la Grèce et à éteindre l'incendie qui démarre sur les risque pays européens.

J'ai déjà eu l'occasion de remercier - sans méchanceté ni ironie - nos amis grecs pour leur contribution bien involontaire à notre sauvetage. Je peux le faire à nouveau car si ce plan fonctionne, il sera difficile de ne pas nous l'imposer dans les années qui viennent, et s'il ne fonctionne pas nous pourrons toujours essayer de trouver une autre solution.

Mais, faisons un peu de prospective : quelles sont les chances de succès et existe-t-il une autre solution ? Toute l'inconnue du plan de sauvetage en cours réside dans la force de la déflation inévitable qui s'installera en Grèce. Les pays européens (Belgique, Hollande, Allemagne ou pays scandinaves) ou non (Canada, Québec ...) qui ont réussi le redressement de leurs finances publiques avaient des atouts qui risquent de manquer à la Grèce. Je crains fort que s'agissant d'un pays aussi faible avec une économie centrée sur le tourisme et fortement parallèle, le remède soit insuffisant : la force de la dépression risque au final d'annihiler les efforts d'économie. Bilan dans un an.

Au passage, je ne partage pas les commentaires négatifs sur l'attitude de la chancelière allemande. Elle est dans la situation difficile d'une personne qui ne peut se défendre même si elle est convaincue d'avoir raison, car victime du politiquement correct. Toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire ! Bien sûr, il est facile de lui prêter des considérations politiques (les élections prochaines). Je pense plutôt que c'est impossible pour quelqu'un qui n'est pas allemand de comprendre cette peur viscérale de l'inflation, de la dette, de la facilité financière qui amena le nazisme et les 8 millions de morts allemands. Ne comptons pas sur l'Allemagne pour partager notre sens du compromis et de l'hypocrisie bien français ! Ceux qui espère une attitude moins ferme prennent leur désir pour une réalité. Angela Merkel ne changera pas !

Mais revenons à l'économie. L'avenir n'est pas écrit d'avance, mais pourquoi ne pas réfléchir aux autres solutions ? La crise des années 30 s'est réglée dans le sang : peu souhaitable et improbable aujourd'hui. La crise du Japon des années 90 ne s'est pas réglée. Cela m'amène à une solution certes politiquement incorrecte mais que certains économistes appellent de leurs voeux : laisser les forces de marchés agir et arrêter de soutenir l'économie !

Évidemment, cela semblera en première analyse absurde à beaucoup, et pourtant je pense vraiment que c'est la seule solution. La chute massive des prix de l'immobilier et des actifs financiers (actions et obligations) qui en résulterait permettrait une redistribution des cartes au profit des jeunes et du travail au détriment du capital et des retraités, qui est la seule solution possible sur le moyen-terme.

Les japonais ont voulu à tout prix épargner leurs banques et leurs retraités (et pour cause, ils n'ont plus d'enfants) et ils ont choisi la voie du suicide économique (certes retardé et adouci au maximum vu leur niveau de développement) mais inévitable aujourd'hui.

Oui, une autre politique me semble possible. C'est peut-être d'ailleurs le bénéfice à attendre de cette crise grecque que d'obliger les états à changer de politique économique. Imaginons un CAC40 à 1000 points et un m2 à Paris à 1000 € (je suis d'accord ; seule une "faillite" permet d'imaginer cela). Mais si c'était la seule solution pour éviter les 40% de taux de chômage dans les banlieues et la révolution ?

Moi, ça me va.

mercredi 21 avril 2010

Vers une période cruciale ?

C'est entendu : l'Asie et les pays en développement qui ont peu souffert de la crise redémarrent fort, et les entreprises des pays développés qui ont mieux résisté que prévu présentent des résultats en progrès. Dans cette zone (Europe, États-Unis et Japon), les premiers signes de croissance sont là (avec un retard en Europe).

L'hésitation actuelle des marchés (avec une hausse symbolique depuis le début de l'année) n'est pas étonnante : elle tient à la façon dont tout ceci a été obtenu : par une forte aggravation des déficits et de l'endettement public qui n'est pas soutenable à long terme. Nul besoin d'être expert en économie pour comprendre que cela signifie à brève échéance arrêt des soutiens directs à l'économie et hausse des impôts. Bien sûr, nous savons tous que cela peut avoir un effet d'entraînement négatif, mais comment éviter ces mesures si les prêteurs l'exigent ?

C'est pourquoi je ne partage pas l'avis de ceux qui pensent que les difficultés de la Grèce seront réglées facilement. D'une part, il y a une vrai opposition en Allemagne à toute aide de l'Europe, et si malgré cela elle pouvait se mettre en place, d'une part ce serait au prix d'engagements très forts qui feront date pour les pays actuellement les moins rigoureux (au premier rang desquels la France), d'autre part tout laisse à penser que les marchés porteraient alors leurs nouvelles attaques sur les pays les plus faibles (Portugal et Espagne notamment).

En bref, et malgré la bonne nouvelle de la baisse de l'Euro, cette histoire grecque sent vraiment la fin d'une illusion ! Il va falloir bientôt penser l'économie autrement que par les soutiens directs étatiques et l'accroissement des déficits.

Mais est on prêt ? En France, sans doute pas. Encore une minute, monsieur le Bourreau !

dimanche 11 avril 2010

dépression japonaise ?

On nous sert depuis 20 ans toutes les explications possibles à la fameuse dépression japonaise, qui se concrétise par un indice Nikkei actuellement au quart de son sommet atteint au plus fort de la bulle de la fin des années 1990 (pour se faire peur, cela reviendrait à un indice CAC40 à 1700 points en 2020 !).

La force des entreprises japonaises, dans l'industrie automobile et les biens de consommation notamment, nous interroge : comment un pays en déclin peut-il générer tant de champions ?

Certes, l'explication de la lenteur de la BOJ à réagir au début de la crise n'est sans doute pas fausse. De retour d'un court voyage au Japon, je vous propose une réflexion quelque peu différente, car si la cause était une politique erronée, ne peut on penser qu'en 20 ans quelqu'un aurait fini par trouver la solution ?

Revenons à Tokyo : mégapole de 35 millions d'habitants sur 5000 km2. 1ère ville au monde par sa taille, créée de presque rien au 19 ème siècle pour remplacer Kyoto, victime d'un tremblement de terre gigantesque et quasiment détruite par les américains lors de la 2ème guerre mondiale.

En effet, mis à part quelques quartiers miraculeusement épargnés, Tokyo est moderne à 95%. Les constructions ne sont pas très hautes (normes sismiques obligent ?) disons 240 mètres soit quand même plus haut que la tour Montparnasse. L'impressionnant n'est donc pas dans la hauteur mais dans le nombre. Prenez la Défense, rajoutez 10 étages à toutes les tours, multipliez la Défense par 2 ou 3, et ensuite vous répartissez cet ensemble 100 fois de suite dans toute la ville. Le compte doit y être.

Tokyo n'est pas une ville belle, c'est une ville immense bien organisée et riche. Alors, quel rapport avec leur dépression ? Une dépression à l'américaine entraînerait dévastation et ruine (cf Détroit qui selon son maire devrait être transformé en jardin potager !). Ici, rien de visible et Ginza reste l'avenue la plus chère au monde.

Je tente une explication : et si la dépression japonaise - bien réelle en terme d'indice - n'était simplement la conséquence d'une richesse maximale atteinte et indépassable ? Car enfin, combien de croissance font une dizaine de tours construites par an alors qu'il y en a déjà des milliers ? et on ne voit pas comment ils peuvent faire beaucoup plus.

En extrapolant aux pays développés : et si nos économies, qui n'ont pas connues les dévastations de la guerre depuis 70 ans, soit 2 à 3 fois la durée des périodes de paix précédentes, n'en pouvaient plus de notre opulence générale ? Évidemment, cela n'empêche pas le chômage et la montée de la pauvreté, bien au contraire.

Cela me renforce dans ma conviction : dans les 20 prochaines années, la croissance devrait être réservée aux pays neufs (Chine, Inde, Sud-Est Asiatique et Brésil), les pays vieux (États Unis, Japon et Europe) stagnant entre sur-endettement et vieillissement de la population.

mercredi 7 avril 2010

Re-merci aux Grecs !

En Février, je remerciais nos amis grecs pour la baisse de l'euro. Certains experts pensent qu'elle ne durera pas, mais c'est déjà ça de pris.

Le deuxième merci (je n'irai pas jusqu'aux mille si connus)c'est pour nous rappeler des vérités oubliées : pour emprunter, il faut un prêteur. On sent bien que les choses pourraient tourner au vinaigre pour la Grèce dès le mois de Mai. Les autorités grecques se rendent bien compte que le poids de la dette et la hausse des taux (un doublement pour eux en 1 an) est insupportable. Oui, mais voilà : il n' y a pas 36 solutions mais DEUX : accepter les fourches caudines du FMI (ce que beaucoup de pays ont fait depuis 20 ans mais quand on est habitué à truander ses statistiques en permanence, le chemin à faire doit sembler beaucoup plus long) ou tenter la voie de la dévaluation / et - ou du défaut. La première est douloureuse mais les résultats certains, la seconde peut sembler plus douce au début pour la population mais l'étau se resserrera années après années.

Une fois le sort de la Grèce scellé (avant la fin du semestre), les marchés se tourneront vers la victime suivante qui pourrait être le Portugal.

En 1939, nous avions tranquillement attendu que tous les petits pays soient avalés par l'ogre allemand avant de nous réveiller virtuellement morts (notre existence ne tenant qu'à la volonté de notre vainqueur). Ferons nous la même chose en ce début de 21ème siècle, à attendre d'être - ce qui arrivera fatalement un jour - le premier de la liste.

Donc, je corrige le titre de ma chronique : un grand merci - à nouveau - à nos amis Grecs. Mais je ne suis pas certain que nous saurons tirer tous les enseignements de leur sacrifice - inévitable.

vendredi 2 avril 2010

Le Métro

On peut supposer que nos hommes politiques prennent rarement le métro en France et encore moins à l'étranger, lorsqu'ils y vont en voyages officiels !

C'est dommage : ils ratent un moyen facile de se comparer. Ceci dit, les résultats sont tellement en notre défaveur que c'est peut-être mieux pour eux. Cela leur permet de garder leurs illusions sur la supériorité de notre modèle "socio-politico-économique" (quoique, au hasard : 8 millions de "pauvres en France, ai-je entendu ce jour ? + un moral des français en berne qui fait de nous le peuple le moins sûr de son avenir parmi les pays développés ...)

Au Japon et en Allemagne : métros impeccables, pas de tag, systèmes de contrôle à l'entrée limités (voir totalement absents en Allemagne). Pas de trace de chewing-gum sur les sols (et pas de poubelles au Japon). Signalétique sans faille et logique. Pas d'odeur d'urine ni de clochards dans les stations.

Au Japon, la fréquence très élevées des rames permet d'absorber un flux de voyageurs énormes, et l'organisation des files d'attente permet à chacun de monter sans devoir jouer des coudes. Les rames sont chauffées l'hiver et climatisées l'été. Des écrans vidéo multiples vous indiquent la station présente et future, ainsi que les interconnections (avec messages audio en japonais et en anglais). Les rames sont agencées pour le plus grand nombre (sièges sur les cotés en file laissant un vaste espace pour les voyageurs debout). Un personnel permanent sur les quais et en station veille à la sécurité.

Ah oui, j'oubliais, on ne pousse pas son voisin sous les rames.

La France est un beau pays. Chapeau bas aux touristes qui s'y rendent.

Hommes politiques français, faites donc le tour des métros mondiaux avec une petite grille de classement. Les prix de la saleté et de l'insécurité devraient nous revenir assez facilement, pour le reste je pense nous devrions collectionner la place du cancre (j'exclus les actes de terrorisme récents du métro de Moscou car nous aussi avons eu notre dose et nous savons que ça peut revenir à tout moment ...)

dimanche 14 mars 2010

Le quiproquo historique sur "La Rafle"

Je ne sais pas si "La Rafle" est un bon film, ne l'ayant pas déjà vu. Les critiques sont assez partagés et loin d'être unanimes : certains disent que c'est un film qu'il faut aller voir, d'autres que c'est assez maladroit. Il faut sans doute se faire son propre avis.

Une chose me gêne dans les commentaires sur la rafle du Vél d'Hiv, c'est la conclusion apparue récemment (sous la présidence de Jacques Chirac) qu'elle représente un crime de la France et des Français, qui me semble faire fi du contexte historique exceptionnel dans lequel elle se déroula, à savoir un pays ayant perdu la guerre (une armistice n'est pas la paix) et occupé par son vainqueur et son programme diabolique de domination et d'extermination, un Etat et une administration illégale et non démocratique (ayant profité de la défaite pour renverser l'assemblée nationale - sur laquelle était désormais inscrit en énorme et en allemand : "L'Allemagne vainc sur tous les fronts").

Il faut revoir l'excellent documentaire de Joachim Fest sur Hitler ("Hitler - Une carrière") pour percevoir la lente et résistible montée au pouvoir d'Hitler. Les crimes les plus graves de conséquences furent commis lors de cette époque en Allemagne d'abord, en Europe ensuite : ils avaient pour nom lâcheté, aveuglement et égoïsme. Voilà une vérité assez pénible qu'il vaut mieux oublier. D'où un sentiment de malaise qui nous envahit en revoyant s'étaler notre défaillance vis à vis du monde démocratique que nous défendions à l'époque.

Les nations coupables (Allemagne et Japon) ont gravement payé leurs crimes par la destruction de leurs villes et les morts civils innombrables. Les Anglais et Russes ont gagné la guerre grâce à leur sacrifice et à leur courage. Mais nous Français ? Il faut reconnaître que cette lâche collaboration avec l'Allemagne eut finalement des résultats en épargnant relativement la population française (sauf bombardements alliés inévitables pour la libération), y compris pour les juifs (dont les 2 tiers survécurent, soit un des plus forts taux de survie de l'Europe occupée). C'est en Pologne, occupée sans armistice, que la population juive fut la plus décimée et il est évident que ce sont des raisons politiques et non militaires qui amenèrent Hitler à traiter la France différemment, et on sait que cela pouvait changer à tout moment.

Le général de Gaulle ne s'y est d'ailleurs pas trompé qui, sitôt la victoire obtenue, a voulu tourner la page de la collaboration au plus vite en limitant les procès aux principaux responsables politiques.

On ne peut qu'être ému et révolté par le sort des juifs pendant la seconde guerre mondiale, et par l'attitude des "autorités" de l'époque qui permirent cette rafle, mais pour ma part, et ce n'est pas je pense contradictoire, ma première indignation est pour les signataires des accords de Munich et les dirigeants français et anglais de l'époque qui conduisirent par leur lâcheté aux 65 millions de morts de la guerre.

lundi 8 mars 2010

La Grèce, Tchécoslovaquie d'antan ?

En 1940, après avoir tout fait pour y échapper, dont sacrifier ses alliés, la France déclara une guerre qu'elle ne voulait pas faire et finit par accepter de la faire comme son ennemi le souhaitait. On connaît la suite. En feuilletant le livre de Max Gallo : "1940 : de l'abîme à l'espérance", qui vient de sortir aux éditions XO, je tombe par hasard sur une phrase prémonitoire du Général de Gaulle disant avant le début de l'offensive allemande : "cette bataille, nous l'avons déjà perdue".

Nous savons tous que certaines batailles se perdent avant d'être livrées. Je crains que la Grèce et autres Portugal et consorts ne jouent le rôle de la Tchécoslovaquie en 1938, sacrifiés pour nous faire gagner un peu de temps !

François Fillon qui a dit il y a quelques années qu'il était à la tête d'un pays en faillite a du se dédire, non parce qu'il avait dit une contre-vérité mais parce que le pays n'était soi-disant pas prêt à entendre la vérité.

Comme le rappelle si bien Marc de Scitivaux ("Les cahiers verts de l'économie"), et il n'est pas le seul : le déficit public devrait être affiché par rapport aux recettes publiques et non par rapport au PIB qui n'appartient pas - dieu merci - en totalité à l'Etat. Les déficits avoisineraient alors des chiffres de 40% faisant ressortir l'énormité de l'impasse budgétaire.

Au moins cette fois-ci, Sarkozy n'a pas eu à serrer la main du diable ! Les marchés financiers sont plus discrets. Nous ne doutons cependant pas de leur cruauté.

dimanche 28 février 2010

Le syndrome Manstein

Réflexions suite à la lecture du livre de Benoît Lemay : "Erich Von Manstein, le stratège de Hitler" aux éditions Perrin (2006)

Résumé (très rapide ...) : Erich Von Manstein fut le concepteur du fameux "coup de faucille" (attaque par Sedan) qui détruisit l'armée française en mai 1940. Concepteur seulement car Hitler, bien qu'enthousiaste par la présentation de son plan (contre l'avis de sa hiérarchie !) préféra le mettre en oeuvre lui-même. Sa réalisation approximative permit le fameux "miracle de Dunkerque" et c'est surtout l'audace et la ténacité de Guderian - chef opérationnel des Panzers - qui permit sa réalisation alors qu'Hitler affolé par le succès voulut tout arrêter en plein milieu.
Von Manstein se fit ensuite connaître par la prise en juillet 1942 de la forteresse de Sebastopol en Crimée qui était alors réputée imprenable. Il fut nommé par Hitler Feld-Maréchal, le grade le plus élevé de l'armée de terre et prit le commandement du groupe A (Armée du Caucase) et fut chargé,après la contre-offensive russe sur Stalingrad, de dégager la 6ème Armée. Il n'y arriva pas mais les experts militaires sont aujourd'hui d'accord qu'il sauva, par ce sacrifice certes significatif - 200 000 hommes, le reste des armées du Sud (plus d'un million d'hommes) dont la perte aurait sans doute signifié la fin de la guerre pour l'Allemagne.
Au printemps 1943, il réussit une série de batailles "défensives" qui se traduisirent par des contre-attaques réussies très coûteuses pour les Russes.
Hitler lui imputa l'échec de la bataille de Koursk en été 1943, mais la vrai raison de sa disgrâce survenue début 1944 (soit 1 an et demi avant la fin la guerre !) était ailleurs : Hitler ne supporta pas les demandes répétées de Von Manstein d'obtenir l'autorité sur la conduite du front de l'Est afin de pouvoir quand nécessaire replier ses troupes pour mieux contre-attaquer ensuite.
Au même moment, le "Times" titrait sa une sur Von Manstein en le qualifiant de meilleur maréchal de l'armée allemande !

Tous les experts militaires s'accordent sur le fait que c'est justement cette double volonté d'Hitler de commander lui même ses armées tout en ne leur accordant jamais le droit de retraite qui engendra l'effondrement si rapide du front Est à partir de la mi-1944. En fait, ce qui ne plaisait pas à Hitler c'était que Von Manstein connaissait parfaitement les limites du possible d'une armée, et essayait toujours de vérifier l'adéquation entre l'objectif, les moyens et le terrain. La force de ce dernier tenait en la combinaison de la théorie (il était officier de métier) et de la pratique (notamment les visites quotidiennes sur le front qu'il s'imposait en toutes circonstances).

A partir de mi 1944, donc, Hitler continua de couvrir Von Manstein d'honneurs et de récompenses diverses, tout en acceptant de plus en plus difficilement d'écouter ses récriminations et suppliques, mais refusera jusqu'à la fin de lui redonner le moindre commandement, au plus grand désespoir des autres généraux qui voyaient en celui-ci le seul capable de sauver l'Allemagne.

On voit bien là une différence fondamentale avec l'attitude de Staline qui laissa, à partir de fin 1942, la conduite des opérations à ses maréchaux. L'attitude d'Hitler ne peut se comprendre que par sa conviction absolue d'être dans le vrai et son refus non moins absolu de se confronter aux résultats de sa stratégie et à tous ceux qui en doutaient.

Revenons au monde du business, où la compétition pour en être différente n'en est pas moins cruciale. Le patron mégalo-maniaque et sûr de son talent, qui ne délègue pas et qui se sépare de tous les talents susceptibles de lui faire de l'ombre, et qui entraîne sa société dans un gouffre, c'est quand même assez répandu (Tchuruk et Messier me viennent à l'esprit, mais il y en a pas mal d'autres ...)

Comment cela est-il possible ? une réussite initiale qui donne crédibilité au top-manager et lui fait croire à son infaillibilité, une pratique autoritaire et clanique du pouvoir qui fait taire les contradictions et les débats, et ensuite une total cécité face aux premiers échecs de sa politique.

Il serait intéressant de retrouver tous les Manstein de Vivendi et Alcatel, virés pour la plus grande perte des groupes auquels ils appartenaient, et de savoir ce qu'ils sont devenues (car dans le Business il peut y avoir une 2ème chance !)

lundi 15 février 2010

Automobile, chômage et usine à gaz

Quel rapport entre l'automobile et le chômage ?

Aux Etats-Unis, le prix des voitures américaines étaient depuis longtemps grevé du coût des retraites des salariés américains. En France (et dans la majeure partie des pays européens), le coût d'usage d'une auto est fortement grevé de taxes diverses. Résultat : chute des ventes, compensée plus ou moins par des incentives gouvernementales à l'achat qui font un peu penser à la politique HP ou Nespresso : achetez mon imprimante ou ma cafetière à bon prix, et ensuite devenez mes assujettis.
Malgré tout, la tendance semble assez irréversible : l'utilisation de la voiture dans la ville recule nettement et les ventes d'essence connaissent depuis quelques années une décroissance en France.

Ayant fait son sort à l'auto, qu'en est-il de l'emploi ?
L'emploi en France (mais pas seulement) supporte depuis quelques décennies le coût de l'explosion des dépenses de santé et des retraites. Résultat, sa compétitivité s'est fortement détérioré, notamment vis à vis des pays neufs qui ne connaissent pas ce type de handicap.

Alors ? Et si baisse du poids de l'auto et hausse du chômage dans les pays développés étaient 2 tendances lourdes générées par l'avidité de l'État ayant chargé inconsidérément la barque depuis quelques décennies ? La présidente du Medef vient de proposer l'exonération de charge totale sur les embauches des chômeurs en fin de droit. On reste dans la logique des incentives et des usines à gaz.

A quand un impôt unique et égal pour tous remplaçant tous ces systèmes ineptes et contre-productifs ? Une TVA à 25% par exemple en échange d'une suppression des taxes sur l'automobile et sur les salaires. L'apparente injustice pour les revenus modestes serait compensée par la pérénisation d'un système de redistribution aujourd'hui à bout de souffle en raison de l'asséchement des capacités productrices dans notre pays.

En période de guerre, les gouvernements donnent toujours priorité à l'approvisionnement du front par rapport à l'arrière. Il est vrai que dans une guerre économique, qui plus est avec le parapluie factice et temporaire de l'euro, la répartition efficace des ressources est plus longue à être décidée car l'urgence et les conséquences ne sont pas présentes au plus grand nombre immédiatement.

Qu'on y songe : rien n'empêche un salarié de quitter son pays s'il estime pouvoir avoir une meilleure rétribution ailleurs. Les Irlandais et les Italiens ont fait les Etats-Unis au siècle dernier. En France, la part des jeunes diplômés qui trouvent leur premier job à l'étranger devient impressionnante. comment seront payées nos retraites dans ces conditions ?

Alors : usines à gaz pour soutenir l'automobile et régler le problème des retraites ou retour au bon sens et à la simplicité ? Pour l'instant, je ne vois rien de vraiment engageant dans les réflexions. Le problème des usines à gaz, c'est qu'il faut sans arrêt les complexifier pour réparer les défauts permanents révélés par l'exploitation !

mercredi 10 février 2010

Un grand merci à nos amis grecs !

Un grand merci à nos amis grecs !

Ils viennent de réussir en 15 jours quelque chose d'indispensable mais qu'on n'avait pas réussi à faire depuis 4 ans, à savoir initier un net mouvement de baisse de l'euro (je mets de coté la hausse du dollar liée à la crise de septembre 2008). On peut être également certain quand on voit l'ineptie du programme de réduction des dépenses publiques grecs que la baisse n'en est qu'à son début, si les marchés attendent des résultats pour changer d'avis ...

Vraiment, je ne veux pas insulter nos amis grecs mais il semble évident que l'euro s'apparente pour eux à la pierre attachée au prisonnier jeté dans le lac. Arriveront-ils à s'en dépêtrer avant la noyade ? Je le leur souhaite, mais je n'en suis pas certain.

Revenons à l'euro. J'ai toujours pensé qu'il n'y avait aucune raison qu'un euro vaille plus qu'un dollar. Bien sûr, le combat euro dollar s'apparente à la lutte de l'aveugle et du paralytique : l'issue est incertaine. Le dollar a mille raison de plonger et de nous laisser avec le problème d'un euro sur-évalué.

Devant admettre que sur les évolutions des taux de change, bien malin celui qui peut prédire l'avenir, je souhaite développer rapidement non pas mes certitudes sur la baisse de l'euro mais pourquoi je pense que ce serait une bonne chose si elle pouvait se poursuivre.

2 raisons à cela : d'une part, la baisse matérialise l'appauvrissement relatif de la zone euro dans un monde qui progresse. Bien sûr, je préférerai le contraire mais je pense malgré tout qu'il est sain qu'une monnaie reflète fidèlement l'évolution de l'économie. D'autre part, un euro qui baisse signifie plus d'inflation et pénalise ceux qui ne peuvent ajuster leurs revenus au détriment des entreprises et des salariés des entreprises privées qui ont besoin aujourd'hui de ce coup de pouce lié à la chute de l'euro.

Donc, merci aux grecs, en attendant que les autres membres du club des "PIGS" fassent parler d'eux, tout en sachant que nous sommes en France encore moins vertueux qu'eux, mais la vertu n'est heureusement pas le baromètre des marchés financiers ...

jeudi 4 février 2010

Où va l'économie ?

Il est de coutume d'attribuer au mois de janvier des vertus particulières pour la prédiction de l'année entière : il en va ainsi pour la météo comme pour la bourse. Le moins qu'on puisse dire, c'est que janvier (ainsi que début février) aura été marqué par une tendance heurtée. A la petite euphorie des vœux et du changement d'année succède le découragement et la lassitude ....

Alors, où va l'économie ? Je ne suis ni devin ni économiste, simplement je souhaite partager quelques réflexions de bon sens. Le cadre général, que nous connaissons tous, peut être résumé ainsi : pour ce qui concerne l'économie, des doutes sur la réalité de la reprise (cf l'emploi) et de grandes inquiétudes sur la dette publique. Pour la bourse, les pessimistes pensent que les problèmes économiques entraîneront tôt ou tard les marchés à la baisse. Les optimistes rappellent que les actions ne sont pas chères actuellement et que les hausses se font toujours dans la crainte et la peur ....

On sait tous que l'emploi est le dernier indicateur à s'améliorer après une récession, et, cette crise ayant été exceptionnelle, il n'est pas étonnant que l'amélioration tarde à venir. Dans cette querelle entre les anciens et les modernes, on peut quand même, me semble-t-il, faire ressortir quelques faits incontestables :

1) La croissance se fait depuis quelques années en Chine, Inde, Asie du Sud-Est et Brésil. Ces 4 blocs qui représentent presque la moitié de la population mondiale sont en très forte croissance depuis quelques années. La Chine sera sous peu la 1ère puissance économique mondiale (elle l'est d'ailleurs déjà par son actif net !). Cette croissance a été à peine impactée par la crise et tout laisse à penser (démographie, productivité, investissements ...) qu'elle va encore s'accélérer. L'interrogation sur la reprise concerne un monde en train de devenir minoritaire : le nôtre (les pays dits développés).

2) Nos grandes entreprises, pour la plupart cotées en bourse, bénéficient et bénéficieront à plein de cette croissance dans les prochaines années. On a été surpris par leur capacité de résistance à la crise, mais une des raisons était sans doute là.

3) L'emploi chez nous ne redémarrera que très doucement : les entreprises ont profité de la crise pour ajuster drastiquement leurs effectifs et les gains de productivités futurs leur permettront de remettre à plus tard les recrutements, en dehors de ceux rendus nécessaires par la croissance de l'activité.

4) Les états dits développés (cette formulation devrait d'ailleurs nous alerter car si on parlait d'un individu, à force de développement, le cimetière n'est plus très loin ....) vont devoir tailler dans leurs dépenses pour réduire leur déficit, la hausse des impôts étant illusoire. Cette réduction des dépenses sera plus facile qu'on le pense habituellement en France en raison d'une part du niveau de sur-investissement des dernières années (routes, carrefours, écoles, équipements sportifs par les mairies, conseils généraux et régions ...) et des progrès possibles dans l'efficacité de la dépense. Aux Etats-Unis, un départ de l'Irak et de l'Afghanistan réduirait pas mal les dépenses ...

En conclusion : mon pronostic est le suivant : une croissance modeste en Europe et aux Etats-Unis qui ne permettra pas d'obtenir des résultats sur les fronts de l'emploi et du déficit, la solution se trouvant dans la durée et dans la douleur par un ajustement des prix et des salaires, reflétant notre position désormais secondaire sur l'échiquier mondial. Face à nous, une zone de croissance absorbant de plus en plus les produits et services des grands groupes mondiaux tirant leur épingle du jeu. D'où un paradoxe qui n'est qu'apparent : un chômage qui ne baisse pas mais des résultats en hausse pour les grandes entreprises européennes et américaines.

C'est finalement le consensus qui se dégage des professionnels de la bourse, qui, sans exclure une poursuite temporaire de la chute actuelle, voient les marchés terminer sur une hausse à 2 chiffres en 2010. Soit de loin le meilleur placement possible.

mardi 26 janvier 2010

L'importance du symbolisme dans le nazisme justifie le questionnement sur Wolfsburg

Dans mes posts précédents, j'ai développé étonnement et malaise devant le choix surprenant fait pour renommer après la guerre la ville créée par Hitler pour accueillir l'usine Volkswagen : Wolfsburg - du nom de l'animal qui l'a symbolisé toute sa vie (très nombreuses références développées : la plus forte étant sans doute le nom de son QG en Prusse Orientale où il passa la quasi totalité de ses 2 dernières années : la tanière du loup). Ainsi c'est une évidence rappelée dans la plupart des ouvrages sérieux : Hitler s'assimilait en tout point à un loup.

J'ai également répondu à une question : n'est-ce pas là un détail, malheureux certes, mais qui ne vaudrait pas qu'on s'y attarde davantage ? Je comprends qu'on pense cela, mais m'étant replongé dans des ouvrages racontant l'expérience absolument terrifiante que fut le nazisme, je ne le pense pas, et je souhaiterais développer ce dernier aspect - non évoqué dans mes précédents posts - qui expliquera la motivation des actions ultérieures nécessaires (auprès de Volkswagen, de l'État allemand et de la ville de Wolfsburg), et dont je ne manquerai pas de vous tenir au courant.

Sur la force du symbole du loup : je cite un extrait du blog de Françoise Delvaux : La symbolique du loup – extraits : "Un de ses plus terribles avatars modernes nous parvint par le biais du nazisme. Quand nous associons nazis et loups, nous obéissons en fait à une volonté délibérée des nazis eux-mêmes. Pour éviter les références judéo-chrétiennes, le Reich et ses mystiques ont abondamment puisé aux mythologies germaniques, au sein desquelles loups, loups-garous et autres hommes-bêtes occupent une place de choix. En Bavière par exemple, région-berceau du Parti par excellence, les croyances en la Horde Sauvage ont toujours été vivaces). Les photos et documents filmés de l'époque hitlérienne nous montrent des loups stylisés ornant quantité d'oriflammes et de tambours, mais plus intéressant encore est d'apprendre qu'un commando chargé, à la fin de la guerre, de dépister et massacrer les traîtres au Führer prit pour nom Werwolf Oberbayern : le Loup-garou de Haute-Bavière, revivifiant ainsi le mythe de la plus horrible façon".

En effet, un aspect qui frappe quand on replonge dans les livres traitant du système nazi et qu'on oublie forcément car on n'a plus ce type d'exemple devant nos yeux, fort heureusement, c'était l'accent absolu mis sur le symbolique. Plusieurs exemples me viennent à l'esprit : l'obligation du salut nazi en toute circonstances et pour tous (les réfractaires étant passibles des camps ...), le symbole de la croix gammée (rappelons qu'elle reprenait un symbole indien de la roue de la vie, mais en inversant le sens afin de symboliser le chaos). L'omniprésence des SA d'abord puis des SS ensuite dans la vie civile. Les cérémonies de Nuremberg filmées par Leni Riefenthal montrent 500 000 personnes assistant au froissement de chaque drapeau nazi - plusieurs dizaine de milliers - avec les 16 drapeaux "sacrés" représentant les 16 morts du putsch raté de Munich pour communiquer leur force. On pourrait multiplier les exemples à l'infini (rôle du serment, ....).

Le symbolisme n'était pas accessoire au système Nazi mais essentiel : c'est justement grâce à ces symboles très forts que Hitler et le parti Nazi ont pu prendre le contrôle total d'un des peuples les plus civilisés au monde pour l'entraîner dans un projet inédit par son amoralisme et sa violence. August von Kageneck, dans son livre : "Lieutenant de Panzers, j'avais dix-huit ans quand je pénétrai en Russie comme lieutenant de Panzers" - depuis marié à une française écrit : "au départ, je voulais écrire ce livre pour rendre impossible le retour d'une pareille tragédie, puis voyant la rapidité de la réconciliation franco-allemande, je l'ai écrit pour faire comprendre comment et pourquoi l'Allemagne est devenue 12 ans durant la honte du genre humain .... Il montre, dans une famille de noble plutôt méfiants sur Hitler, le rôle de l'endoctrinement non par la pensée ou les idées mais simplement par les défilés incessants où sont "invités" les enfants dans des tenue para- militaires. Il est évidemment très difficile de résister longtemps sous peine d'arrestation. Après plusieurs années de lavage de cerveau, les jeunes étaient prêts à mourir pour leur Führer. Écoutons ce qu'il dit sur le fait qu'il reproche aux SS d'avoir copié la tête de mort des Panzers : "Étrange attraction que celle qu'ont toujours exercée la mort et ses symboles sur les Allemands. Les Germains portaient la tête de mort sur leur étendards ... C'est par les hussards à la tête de mort ... que nous est venu ce symbole ... strictement réservé aux équipages de chars ... Orgueil de classe ... certainement ... Dans un régime qui poussait le culte de l'élite à outrance ... On avait le droit de partir le premier à l'attaque ... L'insigne de notre arme signifiait moins la mort que nous voulions porter que celle que nous étions prêts à recevoir". Étonnant !

August von Kageneck perdit 2 de ses frères durant la guerre. Il compare l'expérience du nazisme à une expérience très en vogue après la guerre dans l'Allemagne détruite : le Rotor. Les gens rentraient dans des rotors géants et se faisaient "lessiver" et sortaient du rotor titubant. Il compare l'expérience du nazisme au rotor, le symbolisme ayant servi à faire entrer les gens dedans avant la vitesses explosive d'anéantissement.

Un dernier point moins connu sur Hitler : on connait tous la naissance de son sentiment raciste pan-germanique dans un empire austro-hongrois multi-ethnique où l'allemand n'était pas la seule langue. Quel paradoxe étonnant quand on se souvient qu'un an avant d'être nommé Chancelier, Hitler était apatride (il avait renoncé à la nationalité autrichienne pour ne pas être expulsé suite à des arrestations et condamnations multiples). On sait tous également que son chemin de l'anonymat absolu (début des années 20) vers Chancelier du Reich (un peu plus de 10 ans plus tard) fut semé de meurtres, crimes, intimidations et complots de toute sorte.

Une question demeure : certes, mais comment un tel parcours fut-il possible ? bien sûr, ses talents d'orateur, sa mémoire extraordinaire, une grande intelligence et compréhension de ses adversaires l'a grandement servi. Le contexte aussi. En 1928, il n'avait aucune chance. En 1931, avec 8 millions de chômeurs en plus et un discours démagogique, les choses étaient très différentes. Mais là n'est pas l'essentiel. Il est de notoriété publique que c'est l'adhésion d'Hitler à la société de Thulé (sorte de franc maçonnerie allemande - cf ouvrage de Philippe Valode : Hitler et les sociétés secrètes) qui lui conféra soutien de toute sorte - lui évitant de trop lourdes condamnations et lui donnant les informations nécessaires pour faire chanter Von Papen et l'amener à le nommer Chancelier. Cette confrérie prônant la supériorité de l'être Aryen convenait parfaitement aux idées racistes d'Hitler, décuplées par son échec à l'école des beaux arts de Vienne (jury autrichien et juif);

Le 3ième Reich n'a pas été qu'un empire - éphémère certes - classique. Cela a été un exemple quasi-unique à ce point d'expérience quasi mystique et démoniaque. Et au coeur de ce symbolisme, un homme : Hitler s'assimilant à un animal : Le Loup.
Voici pourquoi je fais le choix - discutable, j'en conviens, mais réfléchi de poser cette coïncidence (et les nombreuses autres - cf mes précédents posts), sur la table de l'histoire.

lundi 4 janvier 2010

Rebaptiser Wolfsburg (VW) ?



Plusieurs livres traitent, comme d'une évidence connue de tous à l'époque de la guerre, du surnom d'Hitler ("Wolf"). D'où mon étonnement qu'on ait pu renommer la ville nouvelle créée par ce dernier, du nom du château voisin : "Wolfsburg" ! cf mes posts précédents. Volontairement ou pas ? Comment personne n'a-t-il fait le rapport et si oui que sont devenus les réticences ? l'enquête reste à mener.

Je cite 2 livres intéressants sur le sujet :

le 1er : "AU RAVIN DU LOUP - Hitler en Belgique et en France, mai-juin 1940" par René Mathot aux éditions Racine. René Mathot, résistant et historien se livre à une minutieuse enquête auprès de témoins directs de l'époque sur le séjour d'Hitler au QG de la Wolfschluct (gorge ou ravin du loup).

page 83 : "Hitler, alors qu'il n'était qu'un agitateur politique dans les années 20, se faisait appeler "Wolf" par ses amis. Le général Engel (*), ancien aide de camp de Hitler, m'a dit - témoignage inédit - que Hitler lui avait confié que son père l'appelait "Wolf" lorsqu'il était enfant. Réminiscence filiale qui expliquerait l'appellation des QG commençant ou finissant par "Wolf". On connait les tensions qui ont existé entre Hitler et son père ... pourtant, dans la lettre adressée par Hitler .... de sa prison ... on trouve la signature "Wolf"."

(*)Entretien du 7 octobre 73

page 239 : Gerda Daranowski, secrétaire personnelle de Hitler : Nous avons pris nos repas au Kasino (Wolfpalast - cf photo) ... Amiral Karl-Jesko, aide de camp : je ne peux vous dire ce qu'était le Wolfpalast. Comme il faisait partie de l'auberge, il devait vraisemblablement servir de réfectoire pour les troupes."

Le second : "Le dossier Hitler" : dossier secret commandé par Staline au NKVD - services secrets - à partir de l'interrogatoire de 2 témoins directs, entre 1945 et 1949, et dont les procès-verbaux ont été retrouvés par un jeune historien allemand Matthias Uhl. Éditions Presse de la Cité.

page 57 : "Le thème cher à Wagner de l'antiquité germanique s'accordait bien avec les idées perverses de Hitler sur la pureté de la race germanique. C'est la raison pour laquelle il s'était lié d'amitié avec la famille de Wagner. La belle fille de celui-ci, Winifred, l'appelait "Wolf". Cela plaisait beaucoup à Hitler ; le fait d'être comparé avec cette bête assoiffée de sang l'impressionnait."

page 257 : "début avril 45, l'heureux événement attendu se produisit : Blondi (le berger allemand de Hitler - nb) eut 8 petits. 3 survécurent. Hitler offrit son propre nom au plus vigoureux d'entre eux : Wolf. pendant le mois d'avril, il restait parfois des heures dans un fauteuil dans le couloir du bunker, à jouer avec son Wolf chéri."

page 301 : "Au matin du 20 avril (nb : soit 10 jours avant son suicide) Hitler joua jusqu'au déjeuner avec Wolf, son chiot préféré."

Enfin, pour l'anecdote (mais en est-ce vraiment une ?) : Traudl Junge : "Dans la Tanière du loup", Les confessions de la secrétaire d'Hitler, aux éditions JC Lattès.
page 101 : "Sur le terrain du Berghof, Hitler conduisait une Volkswagen. C'était un cabriolet, une fabrication hors série, laquée de noir, avec des sièges en cuir."

Pour conclure, avant la phase d'enquête proprement dite sur les conditions de la dénomination "Wolfsburg", un rappel sur son utilité même. Et là, je cite le livre de Heinrich Breloer, "Speer et Hitler, l'architecte du diable" aux éditions Canal+ Editions. En exergue : "Les Hitler et les Himmler, on pourra s'en débarrasser. Les Speer demeurent parmi nous" de Sebastian Haffner - 1944. Puis en page 14, l'auteur rapporte une conversation entre Simon Wiesenthal et Speer : "si l'on avait su ce que nous savons aujourd'hui, vous auriez été pendu à Nuremberg en 1946. Et Speer de rester silencieux, et Wiesenthal de conclure que Speer savait qu'il avait raison. Rappelons que Speer fut ministre de l'armement à partir de 1942 et qu'il eut progressivement sous sa responsabilité directe l'ensemble de l'outil de production allemand, civil et militaire, soit 14 millions d'ouvriers.

vendredi 1 janvier 2010

Technologie et Masse

Où va le monde et où va notre monde occidental ? C'est une question que nous nous posons tous, après plus de 2 ans d'une des plus graves crises financières et économiques que le monde ait connues.

J'ai toujours été passionné par l'histoire et 2 événements récents ont remis sur le devant de la scène la Seconde guerre mondiale : l'excellent documentaire d'Isabelle Clarke : "Apocalypse" diffusé sur FR2 et la série hebdomadaire du Figaro.

Un aspect passionnant, selon moi, c'est l'interaction entre l'évolution des technologies et des armements dans des périodes si courtes. Quand on plonge dans le détail, on est étonné par le niveau de l'accélération des connaissances et des pratiques : guerre entre radars et avions, cryptages et décryptages, sous-marins et lutte anti-sous-marine, techniques de bombardements .... Il est évident que la nécessité de gagner la guerre pousse chacun à donner le meilleur tout de suite et cela change tout par rapport aux temps de paix.

Il y a un consensus sur l'avance technologique des Allemands qui développèrent les meilleurs systèmes d'armes, à l'exception notable de la bombe atomique (Hitler n'y croyait pas, les savants juifs dont Einstein avaient émigré et l'eau lourde indispensable fut détruite par la résistance).

Pour ce qui concerne les chars, le Tigre allemand sema la terreur chez ses adversaires, chars T34 russes et Sherman américain : il fallait en moyenne 10 chars pour abattre un Tigre. Certains commandants revendiquèrent plus de 150 victoires. Le Tigre avait la meilleure technologie, le meilleur blindage et le meilleur canon (canon anti-aérien de 88 mn tirant une cible quasi certaine à 2700 m en 4 secondes, autant dire que quand le char ennemi voyait la fumée c'était souvent déjà trop tard pour réagir). Lors de son premier engagement en 1942 sur le front russe, le Tigre essuya tout type de tirs tout en continuant le combat.

L'Allemagne perdit la guerre dans les conditions qu'on connait, alors me direz vous ? En fait, j'ai oublié un élément essentiel : le nombre. Jamais une arme n'inspira à l'ennemi une telle peur malgré le déséquilibre du nombre : 1500 chars Tigre construits pour près de 50 000 T34 et 40 000 Sherman. Le ratio de 1 pour 10 était donc suffisant pour terrifier tout équipage ennemi qui voyait un Tigre dans son viseur mais totalement insuffisant pour gagner la guerre. Le char Tigre ne fut utilisé en nombre qu'à la bataille de Koursk (150 pour 3000 chars engagés au total dans chaque camp) où il fut vite noyé sous la masse.

Quand on revient aux productions, il saute aux yeux que le rapport de 1 pour 70 ne représentait en rien la puissance respective des appareils de production de chaque camp. Le potentiel allemand était bien supérieur à ce ratio. Le problème venait d'un choix stratégique : Américains et Russes, sans concertation, décidèrent tous deux de privilégier un matériel simple, robuste et facile à produire. Les Allemands, qui avaient conçu le Tigre dès 1937 optèrent pour la technologie à tout prix. Ce faisant, ils construisirent le meilleur char du moment, mais très difficile à produire (et soi-dit en passant à transporter : il fallait lui enlever ses chenilles pour le mettre sur un wagon tellement il était large). Sa masse (56 T dont 14 pour la seule tourelle) exigeait des prouesses techniques (choix des alliages, usinage au micron, absence de frottements ...) qui empêcheront toute augmentation de la cadence de production initiale tellement les outils de production étaient sophistiqués.

Pour en revenir à ma question initiale : où va le monde ? je me demande si nous, pays occidentaux, ne sommes pas un peu comme ces généraux allemands qui en 1941 découvrirent les premiers prototypes roulants du Tigre : un peu trop confiants dans notre avance technologique !

La déconvenue de la perte du marché des centrales nucléaires à Abu Dhabi est là pour nous le rappeler. C'est parfois la technologie la plus fruste qui gagne sur la plus sophistiquée. Pareil pour l'industrie automobile, où d'ailleurs en toute logique nos amis Allemands rejouent la même partition de la technologie à tout prix alors que les Chinois et les Coréens avancent avec des voitures plus standards construites en masse.

Il est de tradition de porter des vœux en début d'année et je ne peux que nous souhaiter le meilleur, à nous Occidentaux, sur le plan économique. Mais je crains quand même qu'on ait dépassé - sans s'en rendre compte - le point de non-retour où la masse "asiatique" (car c'est quand même de ce dont il s'agit si on y inclut l'Inde par une légère approximation géographique ....) a déjà pris le dessus sur la technologie occidentale.

D'où bien sûr 2 réponses à l'opposé à mes 2 questions initiales : où va le monde : il avance, où va le monde occidental : il recule. Un peu comme dans une guerre où lorsqu'un front bouge, une armée avance et l'autre recule, ce qui change la perception des choses bien sûr, selon le camp auquel on appartient ! Alors, la solution : revenir à des choix plus simples, moins sophistiqués ? Ou le juste compromis ? par exemple, pour revenir au Tigre, un char gagnant à 3 contre 1 et produit à 15 000 exemplaires aurait sans doute été plus utile aux Allemands.