dimanche 14 mars 2010

Le quiproquo historique sur "La Rafle"

Je ne sais pas si "La Rafle" est un bon film, ne l'ayant pas déjà vu. Les critiques sont assez partagés et loin d'être unanimes : certains disent que c'est un film qu'il faut aller voir, d'autres que c'est assez maladroit. Il faut sans doute se faire son propre avis.

Une chose me gêne dans les commentaires sur la rafle du Vél d'Hiv, c'est la conclusion apparue récemment (sous la présidence de Jacques Chirac) qu'elle représente un crime de la France et des Français, qui me semble faire fi du contexte historique exceptionnel dans lequel elle se déroula, à savoir un pays ayant perdu la guerre (une armistice n'est pas la paix) et occupé par son vainqueur et son programme diabolique de domination et d'extermination, un Etat et une administration illégale et non démocratique (ayant profité de la défaite pour renverser l'assemblée nationale - sur laquelle était désormais inscrit en énorme et en allemand : "L'Allemagne vainc sur tous les fronts").

Il faut revoir l'excellent documentaire de Joachim Fest sur Hitler ("Hitler - Une carrière") pour percevoir la lente et résistible montée au pouvoir d'Hitler. Les crimes les plus graves de conséquences furent commis lors de cette époque en Allemagne d'abord, en Europe ensuite : ils avaient pour nom lâcheté, aveuglement et égoïsme. Voilà une vérité assez pénible qu'il vaut mieux oublier. D'où un sentiment de malaise qui nous envahit en revoyant s'étaler notre défaillance vis à vis du monde démocratique que nous défendions à l'époque.

Les nations coupables (Allemagne et Japon) ont gravement payé leurs crimes par la destruction de leurs villes et les morts civils innombrables. Les Anglais et Russes ont gagné la guerre grâce à leur sacrifice et à leur courage. Mais nous Français ? Il faut reconnaître que cette lâche collaboration avec l'Allemagne eut finalement des résultats en épargnant relativement la population française (sauf bombardements alliés inévitables pour la libération), y compris pour les juifs (dont les 2 tiers survécurent, soit un des plus forts taux de survie de l'Europe occupée). C'est en Pologne, occupée sans armistice, que la population juive fut la plus décimée et il est évident que ce sont des raisons politiques et non militaires qui amenèrent Hitler à traiter la France différemment, et on sait que cela pouvait changer à tout moment.

Le général de Gaulle ne s'y est d'ailleurs pas trompé qui, sitôt la victoire obtenue, a voulu tourner la page de la collaboration au plus vite en limitant les procès aux principaux responsables politiques.

On ne peut qu'être ému et révolté par le sort des juifs pendant la seconde guerre mondiale, et par l'attitude des "autorités" de l'époque qui permirent cette rafle, mais pour ma part, et ce n'est pas je pense contradictoire, ma première indignation est pour les signataires des accords de Munich et les dirigeants français et anglais de l'époque qui conduisirent par leur lâcheté aux 65 millions de morts de la guerre.

lundi 8 mars 2010

La Grèce, Tchécoslovaquie d'antan ?

En 1940, après avoir tout fait pour y échapper, dont sacrifier ses alliés, la France déclara une guerre qu'elle ne voulait pas faire et finit par accepter de la faire comme son ennemi le souhaitait. On connaît la suite. En feuilletant le livre de Max Gallo : "1940 : de l'abîme à l'espérance", qui vient de sortir aux éditions XO, je tombe par hasard sur une phrase prémonitoire du Général de Gaulle disant avant le début de l'offensive allemande : "cette bataille, nous l'avons déjà perdue".

Nous savons tous que certaines batailles se perdent avant d'être livrées. Je crains que la Grèce et autres Portugal et consorts ne jouent le rôle de la Tchécoslovaquie en 1938, sacrifiés pour nous faire gagner un peu de temps !

François Fillon qui a dit il y a quelques années qu'il était à la tête d'un pays en faillite a du se dédire, non parce qu'il avait dit une contre-vérité mais parce que le pays n'était soi-disant pas prêt à entendre la vérité.

Comme le rappelle si bien Marc de Scitivaux ("Les cahiers verts de l'économie"), et il n'est pas le seul : le déficit public devrait être affiché par rapport aux recettes publiques et non par rapport au PIB qui n'appartient pas - dieu merci - en totalité à l'Etat. Les déficits avoisineraient alors des chiffres de 40% faisant ressortir l'énormité de l'impasse budgétaire.

Au moins cette fois-ci, Sarkozy n'a pas eu à serrer la main du diable ! Les marchés financiers sont plus discrets. Nous ne doutons cependant pas de leur cruauté.