dimanche 26 septembre 2010

Trafalgar Stalingrad même combat perdu d'avance

Le parallèle entre Napoléon et Hitler m'a toujours intrigué : ils se sont lancés tous deux dans des guerres qui ont fait pour leur époque un nombre inédit de victimes, ils ont dominé l'Europe et connu la gloire avant de connaître la défaite finale. Dictateurs venus au pouvoir par des moyens "presque" légaux, ils ont commis des crimes contre l'humanité qui ne les ont pas empêché une popularité de leur vivant.

Bien sûr, et pour des raisons que je ne m'explique pas tout à fait, les crimes nombreux de Napoléon ne l'ont pas empêché de retrouver une popularité posthume et assumée en France : oublié le retour à l'esclavage, les mises à sac des colonies rebelles, le bannissement du général Dumas - père de l'écrivain et héros de la révolution - le meurtre du duc d'Enghien, les atrocités de la guerre d'Espagne, les 2 millions (oui vous avez bien lu) de morts durant les milliers de batailles dans toute l'Europe pendant près de 15 ans (3 fois la durée de la seconde guerre mondiale !).

Je suis bien conscient que malgré cela une telle comparaison peut choquer, pourtant un documentaire hier soir sur Arte (une chaîne franco-allemande tiens tiens) à propos de la bataille de Trafalgar m'a fait tilt. Bien sûr, comme tout un chacun je connaissais l'histoire de la mort de l'amiral Nelson pendant sa plus grande victoire navale. Mais il y a bien d'autres choses !

Tout d'abord, quand Napoléon rassemble sa grande armée au camp de Boulogne (200 000 hommes) et distribue dans un cérémonial inédit pour l'époque plus de 2000 légions d'honneur en grande pompe, cela ressemble fortement aux rassemblements de force nazis.

Ensuite, son plan fou d'utiliser la marine - sans la prévenir - pour servir d'appât afin d'éloigner la flotte anglaise pour débarquer en Angleterre, plan qui permettra seulement d'épuiser notre jeune marine par une traversée de l'Atlantique. Instructions doublement stupides ensuite d'abord de remplacer l'Amiral Villeneuve - accusé de passivité - tout en lui laissant le temps de ré appareiller (il s'était réfugié avec la flotte franco-espagnole à Cadix en Espagne) pour suivre une instruction aberrante selon laquelle il (Napoléon) préférait un combat perdu pour la gloire à une prudence trop grande, alors que les anglais étaient maîtres des mers. Résultat : un suicide de la flotte française (5000 marins morts, les survivants presque tous faits prisonniers, la fin de la marine française) ...

Vraiment, cela ressemblait à Stalingrad avant l'heure : une défaite annoncée pour la gloire qui finalement condamne son armée à la défaite finale.

Ah oui, Napoléon ne sortait pas grandi de ce documentaire d'Arte !

Et Hitler, si superstitieux, connaissant tout le détail de la retraite de Russie de son illustre ainé, et qui finalement choisit le même jour pour lancer ses troupes à l'assaut : le 22 juin exactement, 129 années plus tard, et qui y rencontrera les mêmes affres du général hiver et au final la même défaite.

NB : un survol rapide du site "Napoleonprisonnier" : je lis, bilan de la guerre d'Espagne : environ 50 000 soldats étrangers, 200 000 soldats français et 250 000 espagnols - victimes directes civiles et militaires - et 650 000 en incluant les morts de famines. Effrayant !

dimanche 12 septembre 2010

La réforme des retraites

Officiellement, il y a 2 camps qui s'affrontent : la droite chantre de l'efficacité et du réalisme économique, la gauche défenseur des petites gens et de la justice sociale.

En fait, cette réforme est inutile et dangereuse puisqu'elle se traduit pour une grande partie par un financement des retraites par l'impôt. Une fois de plus, la droite en France fait la politique de la gauche qui n'a plus ensuite qu'à finir le travail.

Le problème de la France aujourd'hui est simple : l'inefficacité et le coût de son modèle économique. Pourquoi perdre du temps sur les retraites alors qu'il faudrait régler les problèmes du déficit budgétaire et commercial ?

L'objectif du gouvernement est clair : donner des gages à moindre coût, sauver ou repousser la perte du triple AAA et se faire passer pour courageux. La réaction de la gauche et des syndicats est convenue et fera sourire les journalistes étrangers qui commenteront à foison le goût des français pour la "grève" ! Et le tour est joué.

L'euro nous a donné un sursis de 10 ans qui le jour des comptes venu se révèlera très couteux, aussi j'espère que le plus rapidement possible nous perdrons le triple AAA et sortirons de l'euro puisqu'il semble que seules les périodes de faillites et de désastres inspirent nos hommes politiques. J'ai la conviction que plus vite cela arrivera mieux ce sera, car le temps joue contre nous.

Pour se changer les idées et sortir de sa tête ce problème qui risque de rester d'actualité pendant les prochains mois, une redécouverte au hasard d'une relecture d'un livre de Jean-Marc Porte sur l'Everest : Marco Siffredi, alpiniste et surfer de génie disparu à l'âge de 23 ans en 2002 sur la face nord de cette même montagne.

Alpiniste confirmé qui a réalisé 2 fois la montée sur le toit du monde et des dizaines de 6000 et 7000 m, il est le seul à ce jour à avoir descendu la totalité de la face nord en surf l'année d'avant. Une recherche sur Google vous permettra de visionner des extraits de vidéos hommages, ou en streaming (DVD épuisé) le film sur sa courte vie : "Marco étoile filante". On y voit un jeune impressionnant de maturité et pas du tout tête brulée qui sait cependant qu'il n'a pas droit à l'erreur sur des pentes verglacées de 50° à 8000 m. Le moment de sa disparition, alors qu'il vient de gravir seul avec son sherpa - au printemps et donc dans des conditions encore très neigeuses et difficiles - avec 4 heures de retard sur l'horaire de sa 1ère montée - l'Everest et alors qu'on le voit faire ses premiers virages avant de disparaitre dans le couloir Hornbein est vraiment très émouvant.

Pour remettre à son vrai niveau sa performance, il faut se rappeler qu'environ 10% des alpinistes partant pour l'Everest y décèdent et que seuls quelques uns ont réussi plus d'une montée. Pour des raisons de sécurité, il portait lui même sa planche sur le dos lors des ascensions et il ne pouvait bénéficier pour des raisons techniques de l'oxygène lors de la descente (il n'aurait rien vu !) et donc risquait le mal des montagnes dans la zone dite de la mort.

Il est peu d'exploits qui n'aient pas été réédités au moins une fois par la suite, la descente en surf de l'Everest par la face nord en 2001 par Marco Siffredi en est un. Cela fera bientôt 10 ans, souhaitons que ses amis ou sa famille puisse organiser un hommage à la hauteur de l'exploit !

lundi 6 septembre 2010

Merci aux Belges !

Changement de programme et place à l'actualité : je reviendrai plus tard sur mes passionnantes lectures de vacances.

Il y a quelque mois, j'avais remercié nos amis grecs pour avoir accepté d'être les premiers cobayes du laboratoire "euro", ces petites bêtes à la vie triste et pourtant si indispensables (pardon à la SPA). Dans la série, comment fait-on quand on n'arrive plus à emprunter sur les marchés ? les Grecs nous ont ouvert la voie : on appelle au secours ses voisins et on réduit fortement les dépenses publiques. Reste à voir si l'économie repartira : réponse dans 1 an.

Nos amis belges, plus proches de nous, nous proposent actuellement une deuxième expérience en laboratoire qui n'est pas mal non plus : la disparition d'un pays ! Oh certes, l'agonie sera longue et justifiera le terme usuel de "longue maladie" pour ne pas dire que c'était incurable ...

Auparavant, un pays se caractérisait d'abord par une frontière et une monnaie. Depuis l'euro et les accords de Schengen, n'est pas le gouvernement qui en devient le premier symbole ? Or, la Belgique n'arrive même plus à en former un : si tant est qu'elle y arrive - par miracle - on peut douter qu'il résiste à la première crise venue, et donc oui la Belgique ne semble d'ores et déjà plus vraiment un pays selon ce critère.

Notons au passage qu'au plan économique, avec un gouvernement affaibli ou absent depuis des années, elle ne semble pas faire moins bien que nous. Que deviendra sa dette ? Les Flamands et les Wallons décideront-ils de créer un pays à l'image des Tchèques et des Slovaques ou préféreront-ils malgré leurs différences aller voir du coté de leurs grands voisins respectifs (et en quelque sorte revenir à un passé pas si lointain) ?

Comment se fait-il que la Belgique arrive encore -semble-t-il - sans trop de difficulté à se financer ? Est-ce le signe que les marchés ne croient pas encore à la scission ou qu'ils pensent que cela sera sans effet sur le remboursement ?

Comment la dette sera répartie entre les deux parties en cas de scission ? Les banquiers conseils ont encore de beaux jours devant eux. Que deviendront les très nombreux expatriés fiscaux français qui font le bonheur de la ville de Bruxelles ?

Nos rêves de grandeur nous feront-ils oublier - si l'occasion se présente - que l'annexion de la Wallonie se traduirait par un boulet de plus aux pieds déjà fragilisés de l'économie française ?

Agonie, agonie .... ça peut durer. Il peut ne rien se passer pendant un bout de temps. Belgique et dette française même combat : peut-on considérer qu'un problème insoluble n'est pas gênant si on a l'éternité devant soi ?


NB : je ne comprends pas trop les arguments de Paul Krugman sur les bienfaits de la dette : il explique que l'hyper-endettement du à la seconde guerre mondiale a eu un effet bénéfique sur la croissance de l'après guerre et que donc il ne faut pas craindre un nouveau méga plan de relance aujourd'hui. Oui, mais où sont les centaines de millions de maisons à reconstruire de l'Europe, de la Russie et de l'Asie de l'après-guerre ? Le fameux "Allemagne année Zéro" de Rossellini. Sans parler de la conversion de l'économie américaine du civil au militaire et vice-versa qui doit représenter le même niveau de destruction créatrice. Vraiment, je ne vois pas l'hyper-endettement actuel des US avoir le même effet d'entraînement qu'en 1945.