dimanche 24 juin 2012

The Pledge

Dans mes précédents messages, j'ai déjà eu l'occasion de faire partager ma récente découverte du cinéma indien. Cette semaine, j'ai pu voir pour la première fois au cinéma, et non à la télévision, un film entièrement tourné en Inde : "Trishna", qui vient de sortir en France et va bientôt disparaitre des écrans.

Ce n'est pas un film "Bollywood" puisque réalisé par Michael Winterbottom qui est un réalisateur anglais. Le film est librement inspiré du roman de Thomas Hardy, Tess d'Uberville. Il est interprété par Freida Pinto, actrice indienne révélation de Slumdog Millionnaire et égérie de l'Oréal (Trishna) et Riz Ahmed, jeune acteur en pleine ascension (Jay).

Le film raconte l'histoire de nos jours d'une jeune paysanne de la région d'Osian (Trishna) qui doit lutter pour assurer la survie de sa famille après un accident de la circulation qui détruit la voiture de son père chauffeur-livreur, achetée à crédit. Elle fait des petits boulots dans un hôtel local (accueil, danse) et y rencontre le fils d'un riche anglais, propriétaire d'hôtels en Inde (Jay), qui lui propose un emploi bien payé dans un des hôtels de son père à Jaipur - très loin de chez elle - pour pouvoir rembourser la Jeep. Après une première période heureuse où elle apprend son métier, se forme à université locale et est chouchoutée par son ange gardien, elle s'enfuit de l'hôtel pour rentrer chez elle après avoir été séduite et avoir couché avec lui un soir où il la ramenait d'une sortie en ville. Enceinte, ses parents la font avorter puis l'envoient chez son oncle dans une ville voisine où elle cumulera emploi à l'usine et à la maison, esclave moderne pour sa tante malade et impotente.

Là, Jay la retrouvera - difficilement et après plusieurs mois de recherche - étonné qu'elle ait pu fuir l'hôtel sans donner de nouvelles et ne se rendant pas compte de ce que cela pouvait représenter comme déshonneur pour Trishna, employée modèle, d'avoir eu une relation avec le maître des lieux. Il lui indique alors ne pas pouvoir vivre sans elle et lui propose de le rejoindre à Bombay où il essaye de s'installer comme jeune producteur, ne voulant pas reprendre les hôtels de son père. Trishna accepte immédiatement et s'ensuit une période heureuse où les jeunes amoureux inconscients se fondent dans la vie moderne et futile de Bombay. Elle découvre la mer, la mode, la musique, la danse, participe à des fêtes avec les amis de Jay, tous intéressées par son argent mais également très amicaux.

Malheureusement, le père de Jay tombe gravement malade et Jay doit repartir à Londres. Il part brutalement sans dire au revoir à Trishna qui lui avait confié la veille dans un moment de grande émotion mutuelle le secret de son avortement. Jay avait auparavant confié à Trishna qu'il parlerait d'elle à son père et récupérerait à Londres le collier de sa grand-mère, destiné à la femme qu'il aime - sorte de déclaration de demande en mariage, même si pas totalement précisée, et lui avait avoué avoir couché avec plusieurs amies de Bombay pour se venger de son départ précipité de l'hôtel. Peut-être alors Jay, conscient de l'apparente supériorité que lui confère son statut d'homme riche et du bonheur matériel qu'il apportait à Trishna s'était-il mit à douter de sa sincérité puisqu'elle n'avait pas osé se confier auparavant ?

Après avoir été ensuite mise à la rue de l'appartement dont Jay avait négligemment oublié de payer le loyer depuis Londres, Trishna trouve refuge chez des amies de Jay, prenant tous ces coups du sort avec un grand détachement. Au bout de quelques mois, Jay revient à Bombay et retrouve Trishna, s'étonnant à nouveau qu'elle ne l'ai pas contacté pour régler le problème du loyer et ne se rendant pas compte de ce que cela représentait pour elle de le déranger dans un moment pareil. Il lui indique avoir promis à son père malade de reprendre la gestion des hôtels et lui propose de le rejoindre dans un autre hôtel du Rajasthan où il ne pourront afficher en public leur couple mixte et non légitime en raison du poids des traditions locales, et où ils devront donc se contenter de rencontres en privé.

S'ensuit - après la courte joie des retrouvailles - une période triste où Jay s'ennuie à l'hôtel - s'appuyant sur son statut pour mener une vie paresseuse dans ses appartements privés, fumant joint sur joint - et où leur relation tourne à une triste routine sexuelle prenant prétexte du service quotidien du repas apporté par Trishna. Jay finit par avoir une attitude de plus en plus humiliante vis à vis de Trishna - le paroxysme étant atteint le jour anniversaire de leur rencontre où Jay légitime sa violence verbale et physique par tout ce qu'il a fait pour elle. Celle-ci tue alors son amant, rentre dans son village et après avoir revu sa famille et notamment ses frères et sœurs - tous retournés à l'école grâce à l'argent qu'elle envoyait depuis un an - se suicide dans la campagne alors qu'ils récitent le Notre Père et le serment indien non loin de là.

Certaines critiques n'ont pas aimé le film, c'est leur droit. On peut trouver le sujet mélo, ce n'est pas faux, mais l'interprétation de Freida Pinto toute en nuance est bouleversante et le film a été tourné au milieu d'acteurs non professionnels qui tirent tous leur épingle du jeu. L’Inde apparaît aussi dans toutes ses contradictions sociales et ses bouleversements économiques comme l'Angleterre du 19ème siècle de Thomas Hardy.

Un dernier point sur le serment : il est communément récité par les Indiens à l'unisson lors d'événements publics, dans les écoles et lors de la Fête de l'Indépendance. Les paroles sont les suivantes :

"L’Inde est mon pays. Tous les Indiens sont mes frères et sœurs.
J'aime mon pays. Je suis fier de son patrimoine riche et varié.
Je saurai toujours m'efforcer d'être digne d'elle.
Je donnerai à mes parents, à mes enseignants et à tous les anciens, le respect, et traiterai tout le monde avec courtoisie.
Pour mon pays et mon peuple, je m'engage à me dévouer.
Dans leur bien-être et leur prospérité, seul se trouve mon bonheur"

C'est beau, non ?



samedi 16 juin 2012

Que dire ? Médiocre ! Merci Angela

Que dire devant les projets du gouvernement ? Cynisme, incompétence, rêverie ? Ils étaient annoncés, nous répondent les membres du gouvernement. C'est exact. Est-ce suffisant ? Médiocre, propose Angela Merkel.
Tout est dit.

Le retour de la retraite à 60 ans pour certains, la hausse de l'allocation de rentrée scolaire pour d'autres, le matraquage fiscal annoncé sur les "riches" et celui à venir sur les classes moyennes. Le même type d'erreur que la relance de 1981, la retraite à 60 ans et la 5ème semaine de congés payés de la même époque, le RMI et les 35 heures. Toujours des dépenses, les salauds de patrons et de riches paieront.

L'interdiction des licenciements boursiers ! Mais oui, c'est bien connu : les actionnaires, surtout français, avec un CAC 40 à moins de la moitié de son plus haut, se sont considérablement enrichis et méritent d'être punis. C'est bien connu aussi, les licenciements en France ne sont ni la faute des charges sur le travail écrasantes ni de la concurrence internationale à bas prix mais bien du sadisme des patrons qui licencient pour améliorer les profits. Les camps de rééducation du Vietnam et du Cambodge ne sont pas loin. Il faut vraiment modifier son logiciel interne.

Oui, mais en attendant, ceux qui peuvent, ils se sauvent.  Londres, Bruxelles, Genève ... nous remercient.

Le salut ne pourra venir que de l'Allemagne ("Ich bin Deutsch, c'est correct ?) et des agences de notation qui vont nous remettre à notre place : celle d'un pays "has been" qui s'y croit encore et qui ne voit pas le mur au tournant sur lequel il va se fracasser.


Champagne !