mercredi 25 décembre 2013

Mes voeux aux Français

En cette nuit de Noël, j'ai rêvé de me trouver à la tête de l’État et d'adresser mes vœux aux Français.

"Mes chers compatriotes, d'abord je vous souhaite à tous et à vos proches et à ceux qui vous sont chers une excellente année 2014 et une bonne santé.

2013 n'a pas été une bonne année : croissance quasi-nulle, forte hausse des impôts et malgré cela perte de recettes fiscales par rapport aux prévisions, accélération de la destruction d'emplois marchands et déficit public moins réduit que prévu.

Le mouvement des bonnets rouges en Bretagne et le refus de l'éco-taxe presque partout en France nous ont obligé à reporter la création de ce nouvel impôt, et le "ras-le bol fiscal" décelé dès la rentrée par notre ministre des finances nous ont amené à un incessant aller-retour sur l'impôt qui aujourd'hui paralyse nos chefs d'entreprises et empêche la reprise de l'investissement.

2014 sera l'année de la poursuite de la reprise mondiale selon les experts économiques mais nous ne devrions pas en profiter, ou si peu avec une croissance estimée à moins de 1 pourcent qui ne permettra pas d'améliorer la situation de la maison "France".

Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement disait Boileau, aussi vais-je être bref ! Il est clair aujourd'hui que le poids de l’impôt en France étouffe l'économie réelle. Nous ne pouvons plus continuer ainsi. Il faut rendre aux Français une plus grosse part des fruits de leur travail.

J'ai donc décidé une baisse généralisée des impôts qui sera pour moitié égale pour tous ceux qui payent des impôts et pour moitié proportionnelle aux impôts payés (nos amis anglo-saxon utilisent le terme de "flat"). La baisse devra atteindre 5% dès 2014. La TVA ne sera pas concernée car il nous faut avant tout favoriser la production nationale. A cet effet, les charges sociales part employés (mais en fait toutes les charges sociales sont payées par les employés) baisseront également de 5% afin de redonner du pouvoir d'achat aux salariés notamment les plus modestes.

Pour financer ce contre-choc fiscal, je demande à nos ministres une vrai réduction des dépenses (et non pas une réduction de la hausse). Afin d'initier le mouvement, les salaires des haut fonctionnaires et représentants de l’État seront baissés de 10%, ce qui est un effort acceptable et juste s'agissant d'un pays qui n'a pas bien été géré. Je demande également aux administrations locales (Régions, Départements et Communes) de mettre en place ce plan de rigueur et d'équité. Enfin, j'interdis qu'aucune prime ou bonus ne soit payé à un fonctionnaire tant que le chômage n'est pas revenu dans la moyenne européenne.

Les allocations familiales et autres prestations seront plafonnées à l'équivalent d'un demi-Smic par adulte, quelque soit le nombre d'enfants à charge en contrepartie de quoi une exonération de charges sociales pour 5 ans sera proposé aux employeurs pour les personnes souhaitant  reprendre une activité salariée. Il est impossible de mieux vivre d'allocations que de son travail.

Enfin, j'ai décidé de remonter les fameux seuils sociaux qui aujourd'hui empêchent les PME de croître, et je pérénise l'apprentissage qui ne sera pas inclu dans les effectifs et qui sera sanctuarisé (pas de réduction de la prise en charge de l'Etat dans les prochaines années).

Je me rendrais à Bruxelles dans les prochains jours pour expliquer mon plan dont je suis conscient qu'il risque la première année d'entraîner une hausse des déficits, le temps qu'il produise ses effets, mais je suis certain que les gages données par la réduction réelle des dépenses de l'Etat et des administrations locales permettront d'obtenir un délai supplémentaire pour revenir à l'objectif des 3% de déficit que de toute façon ne pourrions atteindre en poursuivant la politique de hausse d'impôts.

Voilà ce que je voulais partager avec vous mes chers compatriotes à la veille de la nouvelle année."





lundi 11 novembre 2013

S&P dit vrai (bien sûr)

Que dit S&P ? Que le gouvernement a tellement augmenté les impôts que cela va être difficile de continuer ainsi, qu'il a tellement peu engagé la réduction des dépenses publiques et les réformes de structures qu'il y aura peu de résultats à en attendre, et notamment au plan de l'emploi qui ne s'améliorera pas significativement et qu'enfin quand il aura besoin de faire ces réformes le soutien populaire risque de manquer face à la persistance du chômage.

En culotte courte Montebourg et ses amis ! Puis ce sera notre tour, car il faudra bien payer la note.

dimanche 20 octobre 2013

Leonarda

La France, avec ses 2000 milliards d'€ de dettes, ses 5 millions de chômeurs et sa Bretagne en feu (mais quelle région ne l'est pas ?) n'a plus qu'un mot où une interrogation à la bouche : LEONARDA ! Leonarda peut-elle revenir ? Seule où avec sa famille ? ....

Bien sûr, on peut se dire comme Marc Fiorentino dans sa chronique quotidienne que si on était capable en France de mobiliser une petite partie de cette énergie pour régler nos vrais problèmes que sont l'exclusion des jeunes du monde du travail et des PME française du monde de la croissance, les choses iraient peut-être mieux en France.

L'affaire Leonarda n'en est pas moins révélatrice de l'état du pays : un emballement médiatique comme les médias l'adore, une jeune fille plutôt sympathique qui s'exprime dans un français parfait, une famille et notamment son père roué mais également sympa (?), OK il a peut-être cambriolé un peu mais s'il fallait en France se séparer de tous ceux qui commettent des délits ... De ce point de vue, la scène où ils écoutent en direct sur leur portable dans une maison allouée par le Kosovo la proposition du président Hollande est hallucinante. On ne ferait pas mieux au cinéma. En tout cas, pour des pauvres quel train de vie !

Quittons "l'affaire" et revenons en à ce qu'elle dit : d'abord, l'impuissance et l'incapacité de la justice. Ce que ressentent tous nos concitoyens. Elle dit le droit tellement tard que c'en est ridicule. Ensuite, la rupture de l'opinion publique avec les médias et la classe politique : 65% des français ne veulent pas qu'elle revienne, quelques lycéens et hommes politiques arrivent à faire croire aux médias le contraire; Enfin, l'impuissance et la mise au pilori de la France : pays moqué et ridiculisé jusqu'à son président. Reste plus pour boire le calice jusqu'à la lie de voir ce qui se passera quand la famille de Leonarda sera rentrée (car elle le fera) en France.

Étonnons nous ensuite que le FN soit dans les sondages devenu le premier parti politique en France avec 24% des voix aux élections européennes. Je pense personnellement qu'il fera plus, et avec tellement d'abstention que même aux municipales il risque de se retrouver seul avec des petits partis, le PS et l'UMP étant eliminés au premier tour comme cela vient de se passer dans l'élection cantonale partielle

Leonarda, goutte d'eau qui fait déborder le vase ? 

mardi 1 octobre 2013

Le match France-Angleterre

Dans sa chronique quotidienne sur BFM Business, Marc Fiorentino note que la France et l'Angleterre prennent des chemins de traverse et mènent des politiques économiques à l'opposé.

L'un, l'Angleterre mise sur l'austérité, la responsabilité et l'efficacité économique. L'autre la France sur la relance, les transferts sociaux et l'irresponsabilité.

Pour une fois, je ne suis pas d'accord avec sa conclusion, à savoir qu'il est trop tôt pour savoir qui de la France ou de l'Angleterre va gagner.

Selon le gouverneur de la banque de France lui-même, la City anglaise a déjà gagné la bataille financière. L'Angleterre a gagné la bataille sur l'insécurité avec une répression hyper-efficace des émeutes d'avant les jeux olympiques qui a démontré, à l'inverse de la France, l'efficacité du système judiciaire anglais.

L'Angleterre a gagné la bataille industrielle avec une production automobile qui dépasse la production française alors qu'on disait le secteur mort il y a quelques années.

Au jour où le gouvernement français annonce un "RSA jeune" destiné aux jeunes "malades" (ce sont ses termes) selon des critère d'attribution subjectifs (et donc ouvert à toute suspicion), le gouvernement anglais annonce que tout bénéficiaire d'une allocation devra rendre à la collectivité sous forme d'un travail d'intérêt collectif.

Donc, comme en 1940, un pays prend le chemin de l'honneur et du succès, l'autre du déshonneur et de l'échec. Contrairement à 1940, l’Angleterre n'a pas besoin de son Churchill, aurons nous notre de Gaulle ?

dimanche 15 septembre 2013

La pause fiscale

C'est la nouvelle expression à la mode. Je connaissais la pause pipi, maintenant il y a aussi la pause fiscale.

Notons tout de suite le coté très inquiétant de ce terme lancé par nos gouvernants : la notion de pause induit un arrêt provisoire avant reprise, pas un retour en arrière ou un changement de cap. Tout est dit sur les intentions du gouvernement : il s'agit bien de laisser les contribuables respirer un peu pour mieux les plumer ensuite, personne ne devrait être rassuré par le débat en cours.

Oui, car en plus il y a débat. Par exemple, un rapport de je ne sais plus qui vient de faire ressortir que les inégalités s’accroissent en France. J'entendais sur une radio publique un apôtre du partage des biens des autres regretter qu'il n'y ait pas en France une vraie politique fiscale redistributive (sic) !

Alors, pause fiscale ou pas ? D'abord, rappelons que les promesses n'engagent que ceux qui les reçoivent et qu'au pays des menteurs les gouvernants français (et ce n'est pas une exclusivité de gauche malheureusement) sont rois : budgets basés sur des croissance irréalistes et jamais respectés, explosion de la dette malgré le laïus quasi-quotidien sur la nécessité de la réduire, discours pompeux sur la préférence à l'industrie et au travail alors que tout le système incite à l'indolence et au repli sur soi, etc, etc ...

Donc pas de pause fiscale dans le sens où nos gouvernants le promettent et où les contribuables l'espèrent : il me semble clair que le gouvernement sera obligé de rechercher dans les prochaines années de nouvelles sources de rentrées fiscales puisqu'il ne veut ni toucher aux dépenses sociales ni aux dépenses publiques. Les ballons d'essai ont déjà été lancés sur la fiscalisation des propriétaires via une réforme de la taxe d'habitation, l'imposition d'un loyer fictif ou sur la ré-fiscalisation des contrats d'assurance vie.

Par contre, comme la réalité a toujours le dernier mot et se venge sur la théorie, il me semble tout aussi évident que plus le gouvernement actuel augmentera les impôts et plus il verra d'une part la croissance stagner (la reprise actuelle n'étant qu'un arrêt de la récession dont on ne sait même pas s'il sera durable) et d'autre part les rentrées fiscales diminuer par l'effet connu de cannibalisme (quand la pression fiscale dépasse 50% chaque nouvel impôt en mange un déjà existant) et de révulsion (légale : quitter le pays, ou travailler moins ou aller chercher la moindre fiscalité dans ses placements - et il y en a toujours une, ou illégale : travail au noir ou fraude fiscale).

Oui, pause fiscale il y aura mais pas celle que les contribuables espèrent ni celle que le gouvernement nous promet ! La pause de la machine folle cassée par tant de bricolage et de surcharge ! Et je ne voudrais pas être à la place du réparateur quand il s'apercevra qu'il n'y a plus qu'à la mettre au rebut.


mercredi 4 septembre 2013

Scénario sur la dette

Les chiffres de la dette publique françaises sont bien connus : elle approche les 1900 milliards d'euros, les 100% du Pib et les intérêts sont depuis longtemps le principal poste du budget de l'état autour de 50 milliards d'euros par an.

A la surprise d'un certain nombre d'économistes et du public averti (dont je pense faire partie), la dette publique française a bénéficié jusqu'à présent d'un traitement de faveur. La crise de l'euro et des dettes périphériques ayant amené les taux français à des niveaux historiquement bas, certains experts voient donc paradoxalement dans les progrès de pays comme l'Italie et l'Espagne un risque pour la France par effet de ricochet. L'arrêt de la spéculation sur le franc suisse permettrait également à la BNS d'arrêter d'acheter de la dette publique française, ce qui va dans le même sens d'une poursuite de la remontée des taux français. Bien sûr, l'arrêt prudemment annoncé du QE aux USA va dans le même sens.

Je ne vais pas lancer ici un pronostic sur oui ou non la dette française sera-t-elle attaquée et si oui quand mais plutôt faire un exercice très simple de que se passera-t-il si c'était le cas. Cela me semble plus intéressant. Le modèle économique français est bien connu : dépenses de protection sociale, d'allocations et de retraites très supérieures aux autres pays comparables intégralement financées par la dette avec un niveau d'impôt également record. Les dogmes en vigueur en France sont simples : on ne peut pas toucher à cela et les impôts ne peuvent plus augmenter. L'analyse du scénario (pas impossible) d'une crise sur la dette montre clairement qu'il faudra alors toucher à un des 2 dogmes voire au deux.

Reprenons les chiffres : la notion de crise de la dette est bien sûr relative : si on présentait aujourd'hui nos chiffres au François Mitterand de 1981 il s'étranglerait et se demanderait comment c'est possible (je n'ose penser à Raymond Barre !). Cependant, on peut considérer qu'il y a crise quand le surcoût d’intérêt exigé par les créanciers devient insupportable du point de vue du débiteur. Pour la France, chaque point de plus coûte environ 20 milliards d'euros, soit le plan de hausse des impôts du gouvernement actuel destiné à bla bla bla ... on voit bien que 3 points de hausse (ce qu'on connu nos amis espagnols et italiens) serait vite insupportable avec 60 milliards de surcoût annuel (un peu moins les premières années certes).

Il faudrait alors en urgence trouver de quoi payer les intérêts et rassurer les créanciers pour obtenir une baisse des taux (les 2 vont de paire). Ou trouver ces fameux 60 milliards ? Baisser de 10% les dépenses de protection sociales (600 milliard soit 33% du Pib) et les ramener au niveaux des autres pays développés ou poursuivre l'augmentation des impôts ? Un impôt exceptionnel sur la dette du type de celui de 1945 sur les 18 millions de ménages solvables représente 3400 euros par ménages en moyenne ce qui est techniquement faisable (rappelons qu'en 1945 le prélèvement sur le patrimoine s'est monté à 20% !)

Je n'ai aucune idée de comment un gouvernement français réagirait face à une crise de la dette, mais il me semble clair que les décisions qu'il prendra alors (demi-tour ou en avant toute) seront sans retour et engageront l'avenir du pays pour les 50 prochaines années à venir. Pour un gouvernement socialiste, la prudence voudrait de tout faire pour ne pas avoir à faire ces choix, curieusement, cela ne semble pas être son attitude.


vendredi 9 août 2013

La sénatrice Lienemann à la charge !

Pendant ces vacances le président Hollande, bouffi et joufflu comme jamais, promène son air sérieux et constipé pour nous expliquer qu'avec les emplois aidés, on va voir ce qu'on va voir ...

En fait on voit, si on veut bien faire un minimum d'effort pour s'extirper de la torpeur estivale : des rentrées fiscales au point mort, une production industrielle en berne et un déficit en hausse; Mais, attendez nous dit-il, je sens la reprise. Ah bon, ça sent plutôt les algues mortes sur la plage... Ou les œufs déversés sur la chaussée.

En tout cas, il n'est pas le seul à ne pas prendre de vacances (je parle évidemment de ceux qui ont le choix). La sénatrice Lienemann sonne la charge : sus aux riches, ou plus exactement aux 500 familles (elle a du lire à la plage un livre d'histoire sur le front populaire ). Faisons leur rendre gorge de 2 milliards d'euros sur les 25 gagnés cette année.

Sans même parler du fait qu'une bonne partie des 500 ne sont déjà plus résidents français et que les bénéfices sont mondiaux et donc imposables dans chaque pays, Madame Lienemann sait-elle ou fait-elle mine d'oublier que nous avons déjà atteint le point de non-retour en matière de matraquage fiscal et que donc chaque augmentation d'impôt creuse en fait le déficit en détruisant l'activité ? Évidemment, ce n'est pas son problème : avec son statut de sénatrice, elle n'a rien à craindre d'un tel naufrage. Pour l'instant.

mercredi 31 juillet 2013

Kites

Pas de politique pendant les vacances, ou plutôt pas de politique avant le grand boum. Décidément, ce gouvernement me fait de plus en plus penser à un mauvais conducteur qui considère le fait qu'il n'ait pas eu d'accident comme la preuve de sa bonne conduite. Patience, le démenti viendra tôt ou tard ....

Parlons plutôt cinéma indien : "Kites" est un film du réalisateur indien Anurag Basu sorti en 2010 avec dans les rôles principaux Hrithik Roshan et Barbara Mori. J'avais acheté le Blu-Ray dans le quartier tamoul de la gare du Nord il y a un quelque temps et c'était un des rares films que je n'avais pas regardé.

Coup de foudre ! Certes, les détracteurs du cinéma indien ne pourront apprécier. Pas assez réaliste (parce que les trilogies Jason Bourne sont sans doute un reflet fidèle de l'espionnage ?), trop romantique, trop typé (oui, ils y a quelques indiens qui jouent dans le film ....).

Kites n'est pas un film Bollywood classique : il dure 2 heures (pour des durées souvent supérieures à 2h30), il n'y a pas de danses indiennes, pas de scènes hors scénario ni de pitreries. Le film se termine mal, et est plus subtil qu'il ne peut semble au premier abord.

Il a fait un flop en Inde après un démarrage en trombe (2ème meilleure sortie sur 2000 écrans après 3 Idiots), sans doute pour 2 raisons : d'une part l'action se situe à Las Vegas et raconte un amour impossible entre 2 paumés de la vie : une immigrante mexicaine sans le sous (Barbara Mori : Linda / Natasha) et un professeur de danse indien tout aussi fauché (Hritihik Roshan : Jay ou J). L'un parle espagnol, l'autre anglais et ils ne se comprennent qu'à minima, en tout cas par le langage. Le réalisateur a choisi le réalisme et le film est donc principalement tourné en espagnol et en anglais ce qui a certainement dérouté le public indien. 2ème raison et sans doute la principale selon moi : l'histoire d'amour se termine mal comme Roméo et Juliette. Ce n'est pas si fréquent dans le cinéma indien et s'est tout aussi dur à avaler pour notre cher public indien.

L'histoire est assez classique : les héros recherchent chacun la sécurité financière par une relation amoureuse et vont naturellement se rencontrer puisqu'ils sont tous deux fiancés à un frère et à une sœur, enfants d'un riche patron de casino de Las Vegas. Bien sûr, ils vont rapidement éprouver une attirance l'un pour l'autre. La brutalité et la méchanceté du fiancé de Natasha que Jay avait connu sous le nom de Linda en l'épousant auparavant frauduleusement pour lui faire profiter de sa green card va faire le reste. Un point subtil du scénario : c'est l'enchaînement des circonstances qui va provoquer la fuite de Natasha (redevenue Linda) avec Jay et non pas sa volonté. Certes, elle était déjà amoureuse avant de Jay mais on voit bien dans le film qu'elle était consciente de sa dépendance financière vis-à vis de son fiancé, Tony, et ne partira avec J que lorsque les circonstances l'y obligeront. La 2ème partie du film est un mélange de road-movie (fuite) et d'histoire d'amour (avec un mariage au Mexique) avant la fin tragique lorsque Tony et sa bande les auront retrouvés.

Hrithik Roshan est un des acteurs stars d'Hollywood, aux yeux verts et au physique d'athlète. Il a joué la même année le rôle d'un hémiplégique dans "Guzaarich" de Sanjay Leela Bhansali (Devdas) avec Aishwarya Rai qui a également été un échec injuste au box office indien cette même année. Il avait joué avant l'empereur Moghol Akbar (Le grand) dans "Jodhaa Akbar" avec la même actrice. Il est impeccable comme toujours dans ce film et sait passer des scènes d'actions aux scènes romantiques avec aisance (pas trop de sexe comme toujours dans le cinéma indien certes ...)

Barbara Mori est une actrice de Telenovela d'origine mexicaine et uruguayenne, par sa mère et japonaise par son père. Elle avait tourné dans "La mujer de mi hermano" (la femme de mon frère) en 2005 et c'est en visionnant ce film (introuvable en France) que le producteur a souhaité lui proposer le rôle dans le film. Elle y est sublimement belle et sa connivence avec Hrithik Roshan est éclatante.

Cela n'empêche pas certains critiques américains d'avoir écrit que le visionnage du film leur avait été pénible. Voir les pitreries de Matt Damon dans les Jason Bourne leur est sans doute plus supportable. Il en faut pour tous les goûts, et les 2 milliards de supporters du cinéma indien dans le monde se suffisent à eux-mêmes.
Pour ceux qui veulent s'offrir un petit voyage dans l'univers bollywoodien, j'ai déjà eu l'occasion de citer en France le site internet Fantastikindia extrèmement complet.

Bonnes vacances aux aoûtiens, bon retour aux juillettistes !






jeudi 27 juin 2013

Malheureusement, la cour des comptes dit vrai ...

Malheureusement, la cour des comptes dit vrai ... concède notre premier ministre.

Malheureusement , la cour des comptes dit vrai depuis 40 ans, puis-je rajouter. La France dépense trop, taxe trop, et rémunère trop peu l'effort de ces concitoyens. Tant qu'elle ne changera pas de politique, la dette augmentera, la croissance stagnera et la charge de la dette restera à la merci d'une remontée foudroyante des taux d'intérêts. La France aujourd'hui n'est pas à l'abri d'une crise à l'italienne ou à l'espagnole : une remontée des taux à 5%, niveau que nous avons connu dans un passé pas si lointain, rendrait la charge de la dette insoutenable.

Qu'a fait le gouvernement depuis son arrivée ? Il a poussé le système à bout, comme on dit chez les motoristes : hausse des impôts, hausse des dépenses, maintien de l'état dépensier et du système de prédominance de la dépense sociale. Résultat : un pays en récession, des recettes fiscales qui calent et un abime budgétaire qui s'ouvre sous nos yeux. Rappelons que l'objectif initial du gouvernement était un retour à un déficit limité à 3% en 2013 alors que l'Allemagne est en excédent, et que le résultat sera sans doute supérieur à 4% avec une totale inconnue quant à comment on pourra revenir dans les clous en 2015 (objectif de 3%).

Et pendant ce temps, alors que l'industrie française de taille intermédiaire est en voie d'extinction, on apprend que les ETI (entreprises de taille intermédiaires) sont en plein boom en Grande-Bretagne et commencent à concurrencer le "mittelland" germanique.

Malheureusement, la cour des comptes dit vrai. Et qu'est-ce qu'on fait alors ? On n'a pas encore très bien compris. On imagine une convention annuelle d'un grand groupe ou le directeur général prend la parole et dit malheureusement, la concurrence a raison : nos produits sont de mauvaise qualité. Et puis, et puis plus rien !

Ah si, on tient la dépense publique, a dit notre Président. Je pensais qu'il fallait la baisser. Tenir, c'est bien, mais si on ne peut plus financer : comment tient on ?


jeudi 13 juin 2013

Erratiques ?

Le (transparent) ministre du budget Cazeneuve décrit les rentrées de TVA comme "erratiques".

Il fait sans doute allusion à l'impact des récents coups de massue fiscaux qui pèsent sur l'activité et qui réduisent les rentrées de TVA.

Erratique veut dire aussi aléatoire, en fait ce qualificatif est donc permanent s'agissant des rentrées de TVA. Car quoi de plus aléatoire que la consommation des ménages ?

On mesure bien la folie des gouvernements français qui depuis 30 ans ont systématiquement privilégié la consommation à l'investissement et à la production.


Certes, jusqu'à présent celle-ci a tenu. Mais que se passerait-il si elle venait à chuter fortement ? Une baisse de la consommation de 5% des ménages mettrait la France à genou et nous obligerait à faire défaut ou à quitter l'euro. Est-ce vraiment impossible ? Je ne sais pas, mais on mesure bien la folie non seulement d'un budget structurellement en hyper-déficit mais en plus finançant des charges fixes anormalement élevées (les 30 millions de français du secteur public, inactifs ou retraités) par des produits variables (la TVA qui est de loin la première source de revenu pour l’État).

Erratique ? Aléatoire ....

jeudi 6 juin 2013

Une bande de copains dans un restaurant ...

Tout le monde (ou presque ?) connait cette histoire idiote d'une bande de copains qui se réunissaient depuis des années une fois par mois dans un restaurant.

Un jour, l'un d'eux proposa de payer la note en fonction des possibilités de chacun : ceux qui avaient bien réussi dans la vie paieraient un peu plus pour permettre à ceux qui avaient des soucis d'argent de payer moins. Un autre jour ils décidèrent d'exonérer de paiement le plus pauvre en demandant au plus riche de payer pour deux, ce qu'il accepta.

Le restaurant eut l'idée un jour d'offrir une ristourne de 10% sur l'addition pour les remercier de leur fidélité.

Au moment de payer, le plus riche mis sur la table sa contribution habituelle moins 10%.

Ce n'est pas juste, clama celui qui ne payait rien : pour moi, ça ne fait aucune différence. Celui qui payait un peu moins trouva curieux que la réduction lui profite moins. Finalement, ils décidèrent que tout le monde paierait comme avant et que la réduction serait divisée par le nombre de participant et rendu en espèces.

Le mois suivant, le plus riche n'était plus là et les copains s'aperçurent vite qu'ils n'auraient pas assez d'argent pour payer l'addition sans lui.

J'adore cette histoire, elle est idiote c'est vrai. C'est juste l'histoire de la France depuis plus de 30 ans.

55% des français approuvent la diminution du quotient familial. Pas grave, quand ils ne seront plus qu'entre eux, ils devront payer beaucoup plus ! 

samedi 11 mai 2013

La fin des paradis fiscaux ?

Notre ministre de l'économie Moscovici rêve tout haut à la fin des paradis fiscaux. On a les rêves qu'on peut !

S'il était un tant soit peu honnête et intelligent, il s'inquiéterait d'abord des enfers fiscaux et d'un des premiers sur la liste : son pays la France, mais en bon démagogue doctrinaire ça fait du bien de taper sur "ces riches qui n'aiment pas leur pays au point de frauder" (néologisme).

Le double désastre induit par la politique de hausse tous azimuts des impôts : fuite des riches qui le peuvent et freinage massif de l'activité pour les autres est déjà oublié. Enterrées les bonnes résolutions pour revenir à un déficit à 3%. Bruxelles nous donne 2 ans de plus, le mauvais élève triomphe. Le conseil de discipline pourrait se révéler moins facile que prévu cependant ....(car il faudra dire à quoi on utilise le répit, et à part rêvasser ?)

Encore un séjour en Allemagne au cours duquel nous avons vu des norias de poids lourds comme jamais (après ce que nous appellons notre désert de Gobie : l'autoroute Paris-Metz !) sur une autoroute transversale ouest-est qui illustre les propos d'un économiste de Xerfi disponibles sur leur site selon lesquels l'Allemagne s'est depuis longtemps éloignée de la France par un mouvement de dévaluation compétitive initié il y a une dizaine d'années (lois Schroder Hartz), suivi de l'élimination des sous-traitants et fournisseurs français remplacés par des fournisseurs situés en Europe de l'Est et par un développement effréné du business en Asie.

On comprend l'angoisse du gouvernement allemand qui voit avec inquiétude son gouvernement voisin se lancer dans une politique économique suicidaire risquant de se traduire par une rupture de l'équilibre fragile d'une zone euro constituée d'un gagnant l'Allemagne et de perdants, les autres. En effet, ils n'avaient pas prévu qu'un grand pays de la zone euro pourrait risquer le suicide économique entraînant toute la zone dans son destin funèbre.

A propos de paradis, nous sommes rentrés par Luxembourg, dont les murailles (ou ce qu'il en reste après la destruction faisant suite au traité de Londres) et la vieille ville on été inscrites au patrimoine de l'humanité. Avec du soleil, un dimanche matin, un vrai paradis effectivement. Et les banques étaient fermées, comme chez nous. 




samedi 6 avril 2013

Le choc de la simplification



Arrêt maladie d'une journée d'un enseignant de l'éducation nationale :

Ministère de l'éducation nationale
Ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche

Objet : octroi de congé maladie

Académie : XXXX

DSDEN de YYYY
DID - Gestion individuelle

Programme ; 0140 Enseignement scolaire public du 1er degré

IEN ZZZZZ

Le recteur de l'académie de WWWWW,

Vu la loi n°83-634 du 13 juillet 1983, modifiée portant droits et obligations des fonctionnaires,
Vu la loi du 11 janvier 1984 modifiée portant disposition statutaires relatives à la fonction publique de l'Etat, notamment son article 34-2
Vu la loi n° 2011-1977 du 28 décembre 2011 de finances pour 2012 et notamment l'article 105
Vu le décret n°85-899 du 21 août 1985 modifié relatif à la déconcentration de certaines opérations de gestion du personnel relevant du ministère de l'éducation nationale
Vu le décret n°2012-16 du 5 janvier 2012 relatif à l'organisation académique
Vu le décret 86-442 du 14 mars 1986 modifié relatif à la désignation de médecins agrées, à l'organisation des comités médicaux et des commissions de réforme, aux conditions d'aptitude physique pour l'admission aux emplois publics et au régime de congé de maladie des fonctionnaires
Vu l'arrêté rectoral du 01/02 2012 portant délégation de signature au directeur académique des services de l'éducation nationale pour prononcer les décisions relatives à la gestion des instituteurs et des professeurs des écoles, vu la demande de l'intéressé en date de AAAA

Arrête

Article premier :
Trucmuche né le ...

Grade : BBBB
enseignant : CCCC
Affectation : .........

Est placé en congé du  05/1/2013 au 05/01/2013 (régularisation)

Le 1er jour de ce congé fait l'objet d'une retenue de sa rémunération au titre du jour de carence conformément à l'article de l'article 105 de la loi du 28 décembre 2011

Destinataire : intéressé, Dossier, ....

Voie et délais de recours :

10 lignes

Tampon reçu de l'adminitration

Le secrétaire général est chargé de l'exécution du présent arrêté

Signé : Pour le recteur et par délégation, le directeur académique de l'éducation nationale de CCCC
Tartenpion

Document de 2 pages reçu en 2 exemplaires : un pour l'intéressé et l'autre pour sa mutuelle.
2 agrafes (!)

OUF, N'EN JETEZ PLUS
Vivement la faillite, c'est la seule chose qui pourra simplifier tout ça !

mercredi 13 mars 2013

L'Allemagne triomphe !

A l'occasion de la présentation du projet de budget 2014 qui vise l'excédent, les ministres concernés du gouvernement allemand n'ont pas fait assaut de modestie, vantant un succès que le monde entier leur envie et renvoyant les pays européens en difficultés dans leurs murs et à leurs chères études (n'est-ce pas François Hollande ?).

Rentrant d'un week-end prolongé en Allemagne perturbé par la neige mais au cours duquel nous avons pu en quelques jours visiter Metz, Trèves et Sarrebruck ces paroles raisonnent encore plus fort et font échos à nos découvertes.

Metz : occupée entre 1871 et 1918 par l'empire allemand qui a laissé en cadeau une "superbe" gare teutonne unique dans son genre et quelques belles maisons d'art nouveau. Cadeaux impériaux qui n'ont bien évidemment pas réussi à s’attirer les bonnes grâces de la population à l'époque.

Sarrebruck : situation identique mais inversée pour Sarrebruck, ville qui a changé 5 fois de rattachement au cours du siècle dernier. Notre hôtel donnait face à l'Opéra, cadeau (empoisonné car coûteux) du Führer pour remercier la ville de son choix lors du référendum de 1935 ayant conduit au rattachement de la Sarre au Reich. En 1945, la France utilisera la carotte et non plus le bâton pour s'attirer les bonnes grâces des sarrois (autrement dit la politique du lard, pour signifier la priorité donnée dans l'approvisionnement de la population du Land notamment par rapport à la population française qui ne mangeait toujours pas à sa faim). Nous avons visité une magnifique exposition sur cette période : j'ai été stupéfait de lire que dès 1950 les sarrois faisaient de l'importation de contrebande des produits de consommation courante allemands, achetés en deutschemark alors qu'en Sarre le franc français avait cours officiel, car jugés de meilleur qualité. Quelques années plus tard, la Sarre rejoignait la jeune République Fédérale Allemande et disait au revoir à la France.

Aujourd'hui, il me semble qu'il n'y a pas de comparaison entre le développement de Metz et de Sarrebruck. Metz est une ville superbe (sa cathédrale surtout et son musée Beaubourg aussi) mais c'est Sarrebruck qui donne l'impression d'être une ville riche aujourd'hui. Pas Metz.

A Sarrebruck on peut également découvrir une exposition rassemblant 40 ans de dessins de Plantu sur la relation Franco-allemande avec des petits Mitterand, Chirac (même lui) et Sarkozy et des grands  Kohl, Schroder et Merkel. Très amusant ...pour le public allemand, sans doute.


Immodestes nos amis allemands ?certainement. 
Sauf quand ils visitent la cathédrale de Metz. Nous fûmes un grand peuple.

mercredi 27 février 2013

Le V day ?

Pour ceux de mes lecteurs qui connaissent mal l'Italie, rappelons que Beppe Grillo est l’initiateur des "V day", pour Va fan culo, littéralement allez vous faire foutre. Ces V day ont réuni pendant des années des millions de participants au total dans toute l'Italie, et encore tout récemment 500 000 personnes à Rome alors que Bersani réunissait 400 personnes dans un théatre. Certes, pour augmenter ses chances de succès, le mouvement s'est renommé "Mouvement 5 étoiles", mais avec un V d'une couleur différente comme pour en rappeler l'origine.

Aujourd'hui, le moVimento est le premier parti politique d'Italie (le PD et le PDL étant derrières). Bersani, dont la coalition est arrivée en tête de 125000 votants (0,3%) à la chambre des députés lui demande ce qu'il veut. Faire exploser le système ? Certains (Robeco ce matin sur BFM Business) pensent que le fait d'envoyer 160 députés et sénateurs vont le faire rentrer dans le système. Je ne le crois pas, c'est méconnaître le particularisme de la politique en Italie et la puissance des idées utopiques et romantiques - à l'extrême gauche comme à l'extrême droite - qui en font parfois un pays hors contrôle.

La vraie question est la suivante : ce succès incroyable d'un mouvement contestataire est-il un avatar strictement limité à l'Italie ou un fait prédictif d'une implosion de l'Europe. Personnellement, je penche plutôt pour la deuxième hypothèse : l'explosion du chômage dans les pays du Sud et en France amènera tôt ou tard au pouvoir un parti politique qui mettra en œuvre sa plate-forme électorale de sortie de l'Euro. Qui pourra alors s'opposer à un choix démocratique ? En attendant, regardons et apprécions cette expérience italienne qui n'a vraiment rien d'une Comedia dell arte.

lundi 18 février 2013

Revenir sur terre ...

L'abandon de l'objectif de déficit de 3% pour 2013 et les commentaires du gouvernement sur la nécessaire distinction entre déficit structurel et déficit conjoncturel pour relativiser le problème oblige à un certain nombre de remises en perspective.

D'abord, que signifie l'atteinte de l'objectif : un soulagement pour nos créanciers, certainement. Une solution aux problèmes de l'économie française ? certainement pas, il suffit d'ailleurs de regarder les chiffres dans un passé récent pour s'apercevoir qu'avant la crise de 2008, la France a eu pendant 4 ans un déficit moyen proche des 3% sans qu'on se souvienne de cette période positivement pour l'économie française. Autrement dit, même si on arrivait à cet objectif, on ressemblerait un peu au malade qui meurt guéri.

Avait-on une chance d'y arriver ? 2012 fut soi-disant une année de rigueur. Il est vraisemblable que le déficit dépassera les 4,5% annoncés (4,7 ?) soit une timide baisse de 0,5% sur l'année par rapport à 2011. Certes, les hausses d'impôts devraient avoir un effet plein sur 2013 mais il est possible que les rendements soient décevants vu le maintien d'un certain nombre de niches fiscales et de secteurs non taxés sur lesquels l'argent va certainement se ré-allouer. L'effort de rigueur des ministères sera difficile sans réduction du nombre et des salaires des fonctionnaires, il est d'ailleurs symptomatique que le débat sur le complément de rigueur se soit tout de suite arrêté au problème des allocations familiales, comme s'il n'y avait pas d'autres sujets. Un certain nombre de dépenses ont été engagées par ailleurs qui vont finir par peser. Enfin, le gouvernement prévoit une reprise de la croissance sur la fin 2013 mais quid de l'effet récessif des hausses d'impôts ? Au final, il ne me surprendrait pas que le déficit 2013 soit plus proche des 4% que des 3%, marquant à nouveau une amélioration timide (surtout par rapport aux effets d'annonce et aux hausses d'impôts).

Le vrai problème n'est pas là mais plutôt quel sera l'état de l'économie française fin 2013 ? C'est la question qui compte et qui déterminera l'attitude des marchés financiers sur l'évaluation de la dette française. Il est certain qu'une faiblesse relative durable serait de mauvais augure. A ce sujet, il faut s'arrêter un moment sur la dernière trouvaille de notre gouvernement, filou une fois de plus : la différence entre déficit structurel et conjoncturel. Le déficit structurel étant celui que nous aurions si la conjoncture était bonne (avec des si ....). François Hollande a provoqué une hilarité gênée en Inde quand il a "benoîtement" expliqué aux hommes d'affaires indiens qu'en France on lutte pour avoir une croissance qui ne soit pas en dessous de zéro ! Cela, c'est le structurel. Le conjoncturel, c'est si l'Inde descend en dessous de 5% et la Chine de 8%. Je crains que la subtilité de l'argument ne se retourne contre nous. En tout cas, cela me fait penser à la mauvaise foi que les cancres peuvent parfois déployer pour masquer leur manque de travail ....

"Wait and See" j'ai dit ?

vendredi 15 février 2013

Matrubhoomi, un monde sans femmes

Non, je ne commenterai pas le mauvais chiffre de la croissance en France : zéro en 2013 après -0,3% sur le 4ème trimestre. Disons simplement que ce n'est évidemment pas glorieux, c'est légèrement moins bien qu'attendu mais pas forcément pire que dans les autres pays d’Europe. En tout cas, cela n'affole pas encore les marchés financiers, de même que le report de l'objectif de réduction des déficits à 3% en 2013.

Wait and See !

En échos à mon dernier billet sur l'Inde, aujourd'hui d'actualité avec le voyage de François Hollande et la possible vente des Rafales à l'armée de l'air indienne, je termine un cycle sur le cinéma indien (qui ne se limite pas au seul "Bollywood") avec le film sorti en 2003 du réalisateur indien Manish Ja, intitulé : "Matrubhoomi, un monde sans femmes" (Matrubhoomi voulant dire la mère patrie). Ce film qui commence avec le rappel qu'il manque à l'Inde actuellement 35 millions de femmes, avortées ou tuées juste après la naissance, raconte le martyre d'une femme mariée contre de l'argent non pas à un seul homme mais à une famille de 5 garçons. Le film qui débute avec la noyade d'une petite fille dans une bassine de lait par son père (je pensais que c'était un baptême ...) tout en disant :"l'année prochaine, un garçon" se termine en bain de sang généralisé suite au meutre d'un intouchable du village par la belle-famille de la mariée, d'une classe supérieure, qui paradoxalement met fin à son supplice en tuant tous ses tourmenteurs.

Le film présente les hommes d'une façon tellement odieuses qu'on se dit que ce n'est pas possible, mais pourquoi un réalisateur indien caricaturerait-il la réalité ? Malheureusement, les statistiques et les informations apportées sur cette dramatique affaire de viol confirment cet état de violence permanente faite au femmes. La dernière polémique portant sur des examens barbares imposés aux victimes consistant à vérifier par le test dit des 2 doigts l'existence ou non de relations sexuelles régulières en dehors du viol ....

Sur l'autre sujet d'actualité : la vente des Rafales, là aussi le cinéma nous éclaire. Le film Line of Control relate la dernière guerre indo-pakistainaise dite des glaciers de Kargill. Environ mille morts de chaque coté, et aucun prisonnier. Quand on voit le film, on comprend pourquoi. La vente possible de nos Rafale en Inde fait naturellement l'objet de beaucoup de commentaires dans la presse indienne et sur les réseaux sociaux. Il en ressort, si l'on met de coté les doutes toujours possibles quant au choix : est-ce vraiment le meilleur avion ou le meilleur choix pour l'armée Indienne ?, avant tout l'extraordinaire sentiment d'insécurité des indiens coincés entre 2 voisins pakistanais et chinois vus comme belliqueux et dangereux. La question du prix de l'avion est souvent bottée en touche dans les réseaux sociaux, considérant qu'il en va de la survie de l'Inde d'avoir une armée de l'air capable de combattre sur 2 fronts. A ce sujet, les indiens n'oublient pas que lors de la guerre du Pakistan oriental qui vit la victoire de l'Inde, le Pakistan avait tenté une attaque aérienne massive et soudaine copiée sur les méthodes de l'armée de l'air israélienne qui échoua finalement mais qui laissa une peur rétrospective très forte en Inde. Nul doute que dans l'esprit des indiens, ces avions seront appelés à servir un jour.



dimanche 6 janvier 2013

Comprendre l'Inde ?

La violence et l'étendue des manifestations d'indignation en Inde suite au martyre de la jeune indienne dont le père à révélé ce jour le nom à la presse britannique peut surprendre celui qui ne connait pas bien l'Inde : manifestations violentes contre la corruption du système ayant causé la mort de plusieurs manifestants et policiers, appels au boycott du défilé militaire du jour de la république (l'équivalent de notre 14 juillet) et à une justice expéditive, sans parler de multiples avatars comme l'obligation faite aux jeunes écolières de Pondichéry de se survêtir en pleine chaleur (plus de 30 degrés) pour éviter les provocations ...

L'Inde est la plus grande démocratie au monde avec des problèmes de violence méconnues du grand public : la guerre et la guérilla sont omniprésents dans une bonne partie de son territoire : au Cachemire d'abord où les populations musulmanes ont chassé les populations hindoues ("pandits") dans la fin des années 2000, ce qui en fait le plus grand exil interne à un pays de ces dernières années (350 000 personnes vivent actuellement dans des camps de réfugiés). Résultat : une farouche répression de l'armée indienne contre ses populations musulmanes et un terrorisme qui n'en finit pas. Moins connu encore, l'Inde abrite les guérillas maoïstes les plus importantes au monde avec des territoires au nord-est totalement hors contrôle (récemment des touristes italiens s'y étaient fait enlevés pour avoir photographié des autochtones).

Le cinema de Bollywood est imprégné de cette violence : guerre, terrorisme, guérillas et bandits de tous genres sont filmés avec une violence et une actualité sans pareil dans le cinéma occidental, puisque actuels et réels.

Les 2 autres plaies de l'Inde qu'a fait dramatiquement ressortir ce fait divers sont les violences aux femmes et la corruption, toutes deux massives et institutionnalisées. Violences au femme d'abord : cela commence par la sélection du sexe avant la naissance totalement prohibée par la loi mais généralisée (les cliniques détectent le sexe à 10 semaines et pratiquent l'avortement si c'est une fille), les mariages arrangés, la vie difficile des jeunes filles dans les campagnes, l’extrême occurrence des viols et la honte portée tant sur la victime que sur sa famille, qui font que souvent la mort ou le mariage avec le violeur sont les seules solutions.

Corruption massive qui font que la police est souvent le premier violeur ou a tout le moins un témoin passif. Ainsi à Delhi l'an passé sur 600 procès pour viols, une seule condamnation avait pu être prononcée. Dans le film "qui a tué Jessica ?" Bollywood s'était emparé d'un fait divers où un fils de notable avait froidement abattu une jeune serveuse dans une boîte de nuit parce qu’elle lui refusait une consommation. Il avait fallu des années de détermination à une journaliste pour relancer l'affaire et obtenir la condamnation du tueur qui avait réussi à obtenir un non lieu en achetant tous les témoins.

Une des armes de la justice est la requête de l'anonymat : ainsi, et on se demande pourquoi dans ce cas précis, la justice indienne a requis l'anonymat pour la victime dans ce cas, si ce n'est pour lui nier justement son statut de victime tant il est vrai que morte elle leur fait aujourd'hui un tort considérable (elle est morte loin de son pays à Singapour, et la cérémonie de crémation a été expédiée mais cela n'a pas suffit pour la faire oublier). Ainsi, il faudra voir avec quelle rapidité le gouvernement indien accédera à la requête du père de la victime de rendre public son nom. Il est assez étonnant de constater qu'à l'ère d'internet un gouvernement démocratique arrive à imposer un silence à une population d'un milliard d'habitant par la menace d'un article de loi qui prévoit 2 ans de prison ferme pour quiconque dévoilera le nom d'une victime dont la justice a demandé l'anonymat.

Le mauvais traitement réservé par la police et les autorités aux victimes est sans doute lui aussi révélateur d'une réalité qui saute aux yeux des manifestants et qui s'ajoutant à la longue liste de la corruption générale de la classe politique en Inde, est en quelque sorte la goutte qui fait déborder le vase.

Cet horrible fait divers n'a pas fini de secouer et de faire bouger l'Inde. Souhaitons pour les femmes en Inde et pour l'Inde en général qui est un grand et un beau pays que le martyre de Jyoti Sing Pandey n'ait pas été vain.