lundi 13 février 2017

La triple impasse

Il ne peut échapper à tout observateur lucide que la France est dans une triple impasse : économique, politique et sécuritaire.

Impasse économique d'abord : pas un indicateur qui ne soit en dégradation absolue ou relative (c'est à dire en comparaison de l'Allemagne, notre principal voisin et concurrent). Dettes, déficit budgétaire, déficit des régimes sociaux et du chômage, emploi et commerce extérieur. Sur tous ces plans, les résultats sont catastrophiques. Seule la faiblesse des taux d'intérêts nous permet de tenir, mais pour combien de temps. Un système ou tout passe par la case impôts et cotisations pour être déversé d'une façon égalitaire sur des gens qui ne travaillent pas ou en profitent ne fonctionne pas. Tous les pays qui ont essayé sont allés vers la faillite.

Impasse politique ensuite : l'affaire Fillon achève de jeter le discrédit sur la classe politique française. Des indicateurs simple comme l'évolution des budgets de l'Assemblée Nationale et du Sénat depuis 40 ans sont édifiants : les hommes politiques se sont servis et plus les résultats - droite et gauche confondue - étaient médiocres, plus ils s'augmentaient.

Impasse sécuritaire enfin : on voit l'état de nos banlieues. Sur ce plan, j'aurai une simple suggestion : qu'on arrête de faire semblant. Les contrôles d'identités - impossibles en Grande-Bretagne puisque la carte d'identité n'existe pas - doivent être supprimés : seules les arrestations pour flagrance doivent être autorisées. Le canabis doit être légalisé et encadré comme aux Pays-Bas, pays où on peut d'ailleurs choisir - à ses risques et périls - de conduire un scooter sans casque.

Depuis plus de 40 ans - je situerai avec Giscard - les hommes politiques veulent se mêler de tout. Le problème étant qu'en confondant les causes et les conséquences, à chaque fois qu'ils s'attaquent à un problème ils ne font que l'aggraver. En ce sens - et sans que j'en sois aucunement un partisan - l'idée d'Emmanuel Macron de refuser d'avoir un programme est plutôt novatrice. Problème, c'était une bonne idée il y a 40 ans. Aujourd'hui que nous sommes dans l'impasse, il faudrait peut-être essayer d'en sortir

jeudi 2 février 2017

L'affaire Fillon

Pitoyables avait dit Clinton des électeurs tentés par le vote Trump alors qu'elle était elle-même empêtrée dans de nombreux scandales d'état, on connait le résultat

L'affaire Fillon est à la fois caricaturale et emblématique. L'anathème contre les médias et la gauche est également lancé (les électeurs sont quand même épargnés).

Bien sûr, dans quelques jours, quelques semaines, ou un mois ou deux, François Fillon renoncera à la course présidentielle. Plus tard cela se produira, moins la droite classique aura de chance de le remplacer avec succès.

L'affaire est caricaturale : une personne qui clame partout qu'elle est sans activité aura finalement été payée plus en 10 ans d'inactivité qu'un salarié moyen dans toute sa carrière (2000 € net par mois x 12 x 35 ans = 840 000€). L'absence de transparence se transforme en mensonge familial répété et multiple. Dans beaucoup de pays, ce seul fait vaudrait exclusion immédiate et définitive de la vie publique. Pas en France !

L'affaire est également emblématique, et c'est là qu'elle devient intéressante.

Comment en est-on arrivé là ? Plusieurs facteurs, d'abord, depuis 40 ans les élus n'ont cessé de se servir : à ce titre, l'analyse des budgets du Sénat et de l'Assemblée Nationale est édifiante. Ce sont de véritables explosions de dépenses. Il est certain que dans ce contexte, on s'habitue à tout.

La jalousie ensuite : beaucoup d'énarques ont des amis qui sont allés dans le privé et "gagnent dix fois plus". Dans ce contexte, on n'en n'a jamais assez. 10 000€ par mois pour quelqu'un sans expérience et qui ne maîtrise même pas le français ne semble pas poser de problème.

Le sentiment d'impunité ensuite : les lois limitant le népotisme sont rares, il n'est pas interdit d'employer des membres de sa famille. Ce que beaucoup de mairie font à petite dose, les députés et sénateurs le pratiquent à haute dose.

Heureusement, il y a encore des journalistes pour sortir ses affaires que les électeurs supportent de moins en moins. A l'inverse, je ne serais pas fier d'avoir signé la tribune du Figaro de ce jour, qui n'honore pas non plus le journal. Gageons que dans peu de temps certains signataires se mordront les doigts d'avoir pris cette initiative. En tout cas, l'histoire des élections présidentielles nous apprend que s'il y a parfois des remontés tardives dans les sondages, les chutes sont toujours irrémédiables et se prolongent dans le temps jusqu'à l'élection.

François Fillon n'a plus aucune chance de gagner l'élection, tant sa chute dans les sondages depuis 2 mois est prononcée. Puisse son affaire permettre de faire progresser la loi et la pratique de l'assistance parlementaire, comme l'affaire Cahuzac avait fait progresser la loi sur la transparence financière des politiques.