jeudi 4 février 2010

Où va l'économie ?

Il est de coutume d'attribuer au mois de janvier des vertus particulières pour la prédiction de l'année entière : il en va ainsi pour la météo comme pour la bourse. Le moins qu'on puisse dire, c'est que janvier (ainsi que début février) aura été marqué par une tendance heurtée. A la petite euphorie des vœux et du changement d'année succède le découragement et la lassitude ....

Alors, où va l'économie ? Je ne suis ni devin ni économiste, simplement je souhaite partager quelques réflexions de bon sens. Le cadre général, que nous connaissons tous, peut être résumé ainsi : pour ce qui concerne l'économie, des doutes sur la réalité de la reprise (cf l'emploi) et de grandes inquiétudes sur la dette publique. Pour la bourse, les pessimistes pensent que les problèmes économiques entraîneront tôt ou tard les marchés à la baisse. Les optimistes rappellent que les actions ne sont pas chères actuellement et que les hausses se font toujours dans la crainte et la peur ....

On sait tous que l'emploi est le dernier indicateur à s'améliorer après une récession, et, cette crise ayant été exceptionnelle, il n'est pas étonnant que l'amélioration tarde à venir. Dans cette querelle entre les anciens et les modernes, on peut quand même, me semble-t-il, faire ressortir quelques faits incontestables :

1) La croissance se fait depuis quelques années en Chine, Inde, Asie du Sud-Est et Brésil. Ces 4 blocs qui représentent presque la moitié de la population mondiale sont en très forte croissance depuis quelques années. La Chine sera sous peu la 1ère puissance économique mondiale (elle l'est d'ailleurs déjà par son actif net !). Cette croissance a été à peine impactée par la crise et tout laisse à penser (démographie, productivité, investissements ...) qu'elle va encore s'accélérer. L'interrogation sur la reprise concerne un monde en train de devenir minoritaire : le nôtre (les pays dits développés).

2) Nos grandes entreprises, pour la plupart cotées en bourse, bénéficient et bénéficieront à plein de cette croissance dans les prochaines années. On a été surpris par leur capacité de résistance à la crise, mais une des raisons était sans doute là.

3) L'emploi chez nous ne redémarrera que très doucement : les entreprises ont profité de la crise pour ajuster drastiquement leurs effectifs et les gains de productivités futurs leur permettront de remettre à plus tard les recrutements, en dehors de ceux rendus nécessaires par la croissance de l'activité.

4) Les états dits développés (cette formulation devrait d'ailleurs nous alerter car si on parlait d'un individu, à force de développement, le cimetière n'est plus très loin ....) vont devoir tailler dans leurs dépenses pour réduire leur déficit, la hausse des impôts étant illusoire. Cette réduction des dépenses sera plus facile qu'on le pense habituellement en France en raison d'une part du niveau de sur-investissement des dernières années (routes, carrefours, écoles, équipements sportifs par les mairies, conseils généraux et régions ...) et des progrès possibles dans l'efficacité de la dépense. Aux Etats-Unis, un départ de l'Irak et de l'Afghanistan réduirait pas mal les dépenses ...

En conclusion : mon pronostic est le suivant : une croissance modeste en Europe et aux Etats-Unis qui ne permettra pas d'obtenir des résultats sur les fronts de l'emploi et du déficit, la solution se trouvant dans la durée et dans la douleur par un ajustement des prix et des salaires, reflétant notre position désormais secondaire sur l'échiquier mondial. Face à nous, une zone de croissance absorbant de plus en plus les produits et services des grands groupes mondiaux tirant leur épingle du jeu. D'où un paradoxe qui n'est qu'apparent : un chômage qui ne baisse pas mais des résultats en hausse pour les grandes entreprises européennes et américaines.

C'est finalement le consensus qui se dégage des professionnels de la bourse, qui, sans exclure une poursuite temporaire de la chute actuelle, voient les marchés terminer sur une hausse à 2 chiffres en 2010. Soit de loin le meilleur placement possible.