samedi 25 décembre 2010

Le retour des Etats

Ceux qui lisent mes chroniques savent mon goût pour l'histoire. Je crois qu'il y a beaucoup à apprendre notamment de l'histoire des guerres : ces périodes où des peuples luttent pour leur survie et où les énergies sont rassemblées dans un but unique. Cela n'empêche pas que la plupart des guerres se terminent par un vainqueur et un vaincu. Les grands discours et la résolution n'empêchent pas la défaite.

Il y a un moment particulier où la victoire (ou la défaite) apparait : ce que j'appelle le "momentum". Par exemple, durant la seconde guerre mondiale, le moment où les bombardements alliés ont fait de plus en plus de dégâts en Allemagne tout en s'accompagnant de pertes en avions et en aviateurs de plus en plus limitées. Ce qui n'était pas gagné d'avance.

Actuellement, les états occidentaux vivent leur propre "momentum" économique. Le tournant est proche. La faillite financière est en route et on voit mal ce qui peut l'arrêter. La seule question ouverte, c'est l'ordre de la tombée dans la trappe : sans doute les petits tomberont avant les gros, c'est la prime à la taille.

Les grandes entreprises semblent en parfaite santé : elles ont vigoureusement réagi en taillant dans leurs effectifs et en réduisant les dépenses. Seul bémol pour l'instant, la consommation reste atone. Les chômeurs faisant de médiocres consommateurs.

Tant que la vie à crédit continue, le système se tient et la question ne se pose pas : comme le disaient les banquiers de Wall-Street, il faut continuer à danser tant que l'orchestre joue. Mais tout change le jour où ce crédit s'arrête, soit que la Chine décide d'arrêter de prêter ou qu'une des grandes agences de notation donne le signal.

La faillite financière des États occidentaux entraînera un changement du paradigme : tout comme le triomphe du communisme a amené son éclatement et sa disparition, je ne pense pas que les choses en restent là. Les États en prise à des difficultés croissante avec leurs population une fois l'impossibilité de poursuivre leur vie à crédit (chômage de masse, insécurité, pauvreté voire misère) prendront des mesures drastiques pour rapatrier la richesse et sauver ce qui peut l'être.

Qui paiera ce bouleversement : les actionnaires et les entreprises privées. Ceux qui s'y opposeront le paieront de leur vie (à l'exemple de ce qui se passe en Russie actuellement. Il est extrêmement facile pour un État qui dispose par définition de la force régalienne d'arrêter les gêneurs. Ceux qui joueront le jeu verront s'ouvrir à eux de nouvelles rentes de situation).

Ce jour là, les gouvernements mettront en œuvre des moyens et des politiques de survie qui casseront le système : c'est une loi immuable de la nature : nul organisme n'accepte sa mort sans combattre, et dans ce combat les États - qui font la loi chez eux - auront forcément le dernier mot.

Mes prévisions : la fin de la mondialisation, le retour des frontières, la fin de l'euro, l'arrêt du libre-échange et des régimes autoritaires et fermés dans une partie des grands pays occidentaux.