mardi 1 juin 2010

Le conflit Israël - Palestine : une analyse raisonnée

Le sujet est tellement sensible que le titre peu sembler provocateur, mais je vais quand même essayer puisque notre pays entretient de bonnes relations avec les 2 parties concernées.

Commençons par une évidence parfois oubliée : Israël est un état né de victoires sur le champs de bataille, et il n'est pas très différent en cela des autres si ce n'est que ces guerres sont relativement récentes et que la situation actuelle s'apparente plus à une situation d'armistice que de paix réelle. La France que nous connaissons est née des victoires de l'armée révolutionnaire de 1789 et de la paix réelle avec une Allemagne nazie vaincue et dévastée.

Le droit international est une belle idée quand les protagonistes sont également d'accord pour l'appliquer, sinon, c'est la loi du plus fort qui vaut. Les territoires palestiniens (Bande de Gaza, Cisjordanie et Jérusalem Est) sont soumis à la loi de leur vainqueur qui n'entend partager avec personne un pouvoir qu'il tient de ses victoires militaires. Israël entretient avec le reste du monde une relation faite d'un mélange d'autisme et de paranoïa qui consiste à ne jamais dévier de sa politique quel qu'en soit le prix, et les palestiniens savent que les pays arabes limiteront leur aide à des larmes de crocodiles, ce problème n'étant pas vraiment le leur.

Voilà, ça peut durer assez longtemps, surtout si on tient compte de l'exiguïté des territoires en question (Israël et Palestine) qui rendent impossible la sanctuarisation du terrain même pour la partie la plus forte militairement. Alors, pourquoi ce convoi ? L'objectif était sans doute de faire d'une pierre 2 coups : une victoire dans l'hypothèse fort peu vraisemblable ou Israël le laisserait passer, un drame utile dans l'hypothèse plus probable où l'arraisonnement se passerait mal en raison de la taille du convoi. C'est finalement ce qui s'est passé. La quasi-rupture des relations diplomatiques avec la Turquie sera toujours ça de pris.

Revenons à l'occupation d'Israël des territoires palestiniens et comparons là à l'occupation allemande de 1940 - 1944. L'occupation allemande fut brutale et totale au plan militaire, du maintien de l'ordre et des symboles : exécution répétée d'otages, condamnation à mort pour non respect de couvre feu ou manifestation (par exemple, le 1er "14 juillet" juste après la défaite), drapeaux allemands sur tout Paris et notamment les monuments - dont l'assemblée nationale. Elle fut brutale au plan économique avec des indemnités journalières exorbitantes, la fixation d'un taux de change spoliateur et des transferts de nourritures pour l'armée d'occupation permettant en fait de nourrir une partie de l'Allemagne.

L'occupation israélienne est différente sur ces 2 points : pour le premier, malgré la brutalité apparente l'état démocratique apporte une limite à cette violence (je comprends que certains puissent contester ce point), pour le second, on peut résumer en disant qu'il n'y a pas grand chose à prendre en Palestine.

L'occupation allemande ne fut pas l'occasion d'un soulèvement de masse du peuple français, la résistance active étant limitée à un nombre très faible de personnes, ce qui ne veut pas dire qu'elle fut négligeable ou inutile bien au contraire. Du coté allemand, malgré le mépris occasionné par la défaite de 1940, 2 sentiments coexistaient ; d'une part, la fierté d'avoir mis à terre un adversaire valeureux (cf 1914-1918) et d'autre part l'idée que la guerre gagnée il serait temps de distinguer les sous peuples des autres. Par chance, n'en déplaise à certain, nous étions du bon coté dans l'axe géographique Est-Ouest, il n'y a qu'à voir comment nos amis polonais ont été traités eux pendant la même période (et le sort de Varsovie avec la complicité active de Staline ...).

Là aussi, la situation est inversée : l'occupation israélienne - certainement parce qu'elle a été beaucoup plus longue que l'occupation allemande, a connu les révoltes générales des palestiniens (2 intifadas) rendant impossible la poursuite d'une occupation militaire classique et sa transformation en un blocus total. Je ne sais pas exactement ce que pensent les dirigeants israéliens des palestiniens mais j'ai peur qu'ils soient près de les classer dans une catégorie très inférieure à la leur et rejoindre finalement la classification de nos anciens vainqueurs sur les peuples slaves.

En synthèse, le cycle de la violence de cette occupation / blocus me semble avoir tout le carburant nécessaire pour perdurer encore pas mal de décennies. On ne voit pas qui les palestiniens pourraient avoir comme libérateurs externes. La seule voie sage serait sans doute pour eux la collaboration et l'abandon de la violence pour essayer de regagner démocratiquement les droits perdus, à l'image des noirs d'Afrique du Sud, mais c'est sans doute trop tôt. Dans cinquante ans peut-être un premier ministre israélien palestinien d'origine ? Cela ne m'étonnerait pas plus que ça.