lundi 18 février 2013

Revenir sur terre ...

L'abandon de l'objectif de déficit de 3% pour 2013 et les commentaires du gouvernement sur la nécessaire distinction entre déficit structurel et déficit conjoncturel pour relativiser le problème oblige à un certain nombre de remises en perspective.

D'abord, que signifie l'atteinte de l'objectif : un soulagement pour nos créanciers, certainement. Une solution aux problèmes de l'économie française ? certainement pas, il suffit d'ailleurs de regarder les chiffres dans un passé récent pour s'apercevoir qu'avant la crise de 2008, la France a eu pendant 4 ans un déficit moyen proche des 3% sans qu'on se souvienne de cette période positivement pour l'économie française. Autrement dit, même si on arrivait à cet objectif, on ressemblerait un peu au malade qui meurt guéri.

Avait-on une chance d'y arriver ? 2012 fut soi-disant une année de rigueur. Il est vraisemblable que le déficit dépassera les 4,5% annoncés (4,7 ?) soit une timide baisse de 0,5% sur l'année par rapport à 2011. Certes, les hausses d'impôts devraient avoir un effet plein sur 2013 mais il est possible que les rendements soient décevants vu le maintien d'un certain nombre de niches fiscales et de secteurs non taxés sur lesquels l'argent va certainement se ré-allouer. L'effort de rigueur des ministères sera difficile sans réduction du nombre et des salaires des fonctionnaires, il est d'ailleurs symptomatique que le débat sur le complément de rigueur se soit tout de suite arrêté au problème des allocations familiales, comme s'il n'y avait pas d'autres sujets. Un certain nombre de dépenses ont été engagées par ailleurs qui vont finir par peser. Enfin, le gouvernement prévoit une reprise de la croissance sur la fin 2013 mais quid de l'effet récessif des hausses d'impôts ? Au final, il ne me surprendrait pas que le déficit 2013 soit plus proche des 4% que des 3%, marquant à nouveau une amélioration timide (surtout par rapport aux effets d'annonce et aux hausses d'impôts).

Le vrai problème n'est pas là mais plutôt quel sera l'état de l'économie française fin 2013 ? C'est la question qui compte et qui déterminera l'attitude des marchés financiers sur l'évaluation de la dette française. Il est certain qu'une faiblesse relative durable serait de mauvais augure. A ce sujet, il faut s'arrêter un moment sur la dernière trouvaille de notre gouvernement, filou une fois de plus : la différence entre déficit structurel et conjoncturel. Le déficit structurel étant celui que nous aurions si la conjoncture était bonne (avec des si ....). François Hollande a provoqué une hilarité gênée en Inde quand il a "benoîtement" expliqué aux hommes d'affaires indiens qu'en France on lutte pour avoir une croissance qui ne soit pas en dessous de zéro ! Cela, c'est le structurel. Le conjoncturel, c'est si l'Inde descend en dessous de 5% et la Chine de 8%. Je crains que la subtilité de l'argument ne se retourne contre nous. En tout cas, cela me fait penser à la mauvaise foi que les cancres peuvent parfois déployer pour masquer leur manque de travail ....

"Wait and See" j'ai dit ?