jeudi 2 février 2017

L'affaire Fillon

Pitoyables avait dit Clinton des électeurs tentés par le vote Trump alors qu'elle était elle-même empêtrée dans de nombreux scandales d'état, on connait le résultat

L'affaire Fillon est à la fois caricaturale et emblématique. L'anathème contre les médias et la gauche est également lancé (les électeurs sont quand même épargnés).

Bien sûr, dans quelques jours, quelques semaines, ou un mois ou deux, François Fillon renoncera à la course présidentielle. Plus tard cela se produira, moins la droite classique aura de chance de le remplacer avec succès.

L'affaire est caricaturale : une personne qui clame partout qu'elle est sans activité aura finalement été payée plus en 10 ans d'inactivité qu'un salarié moyen dans toute sa carrière (2000 € net par mois x 12 x 35 ans = 840 000€). L'absence de transparence se transforme en mensonge familial répété et multiple. Dans beaucoup de pays, ce seul fait vaudrait exclusion immédiate et définitive de la vie publique. Pas en France !

L'affaire est également emblématique, et c'est là qu'elle devient intéressante.

Comment en est-on arrivé là ? Plusieurs facteurs, d'abord, depuis 40 ans les élus n'ont cessé de se servir : à ce titre, l'analyse des budgets du Sénat et de l'Assemblée Nationale est édifiante. Ce sont de véritables explosions de dépenses. Il est certain que dans ce contexte, on s'habitue à tout.

La jalousie ensuite : beaucoup d'énarques ont des amis qui sont allés dans le privé et "gagnent dix fois plus". Dans ce contexte, on n'en n'a jamais assez. 10 000€ par mois pour quelqu'un sans expérience et qui ne maîtrise même pas le français ne semble pas poser de problème.

Le sentiment d'impunité ensuite : les lois limitant le népotisme sont rares, il n'est pas interdit d'employer des membres de sa famille. Ce que beaucoup de mairie font à petite dose, les députés et sénateurs le pratiquent à haute dose.

Heureusement, il y a encore des journalistes pour sortir ses affaires que les électeurs supportent de moins en moins. A l'inverse, je ne serais pas fier d'avoir signé la tribune du Figaro de ce jour, qui n'honore pas non plus le journal. Gageons que dans peu de temps certains signataires se mordront les doigts d'avoir pris cette initiative. En tout cas, l'histoire des élections présidentielles nous apprend que s'il y a parfois des remontés tardives dans les sondages, les chutes sont toujours irrémédiables et se prolongent dans le temps jusqu'à l'élection.

François Fillon n'a plus aucune chance de gagner l'élection, tant sa chute dans les sondages depuis 2 mois est prononcée. Puisse son affaire permettre de faire progresser la loi et la pratique de l'assistance parlementaire, comme l'affaire Cahuzac avait fait progresser la loi sur la transparence financière des politiques.