dimanche 11 avril 2010

dépression japonaise ?

On nous sert depuis 20 ans toutes les explications possibles à la fameuse dépression japonaise, qui se concrétise par un indice Nikkei actuellement au quart de son sommet atteint au plus fort de la bulle de la fin des années 1990 (pour se faire peur, cela reviendrait à un indice CAC40 à 1700 points en 2020 !).

La force des entreprises japonaises, dans l'industrie automobile et les biens de consommation notamment, nous interroge : comment un pays en déclin peut-il générer tant de champions ?

Certes, l'explication de la lenteur de la BOJ à réagir au début de la crise n'est sans doute pas fausse. De retour d'un court voyage au Japon, je vous propose une réflexion quelque peu différente, car si la cause était une politique erronée, ne peut on penser qu'en 20 ans quelqu'un aurait fini par trouver la solution ?

Revenons à Tokyo : mégapole de 35 millions d'habitants sur 5000 km2. 1ère ville au monde par sa taille, créée de presque rien au 19 ème siècle pour remplacer Kyoto, victime d'un tremblement de terre gigantesque et quasiment détruite par les américains lors de la 2ème guerre mondiale.

En effet, mis à part quelques quartiers miraculeusement épargnés, Tokyo est moderne à 95%. Les constructions ne sont pas très hautes (normes sismiques obligent ?) disons 240 mètres soit quand même plus haut que la tour Montparnasse. L'impressionnant n'est donc pas dans la hauteur mais dans le nombre. Prenez la Défense, rajoutez 10 étages à toutes les tours, multipliez la Défense par 2 ou 3, et ensuite vous répartissez cet ensemble 100 fois de suite dans toute la ville. Le compte doit y être.

Tokyo n'est pas une ville belle, c'est une ville immense bien organisée et riche. Alors, quel rapport avec leur dépression ? Une dépression à l'américaine entraînerait dévastation et ruine (cf Détroit qui selon son maire devrait être transformé en jardin potager !). Ici, rien de visible et Ginza reste l'avenue la plus chère au monde.

Je tente une explication : et si la dépression japonaise - bien réelle en terme d'indice - n'était simplement la conséquence d'une richesse maximale atteinte et indépassable ? Car enfin, combien de croissance font une dizaine de tours construites par an alors qu'il y en a déjà des milliers ? et on ne voit pas comment ils peuvent faire beaucoup plus.

En extrapolant aux pays développés : et si nos économies, qui n'ont pas connues les dévastations de la guerre depuis 70 ans, soit 2 à 3 fois la durée des périodes de paix précédentes, n'en pouvaient plus de notre opulence générale ? Évidemment, cela n'empêche pas le chômage et la montée de la pauvreté, bien au contraire.

Cela me renforce dans ma conviction : dans les 20 prochaines années, la croissance devrait être réservée aux pays neufs (Chine, Inde, Sud-Est Asiatique et Brésil), les pays vieux (États Unis, Japon et Europe) stagnant entre sur-endettement et vieillissement de la population.