vendredi 30 avril 2010

Grèce : la suite ?

Le plan d'aide à la Grèce concocté actuellement par le FMI, la BCE et l'Europe devrait comporter un financement important en échange d'un renforcement des mesures d'austérité. Personne ne peut garantir aujourd'hui qu'il suffira à sauver la Grèce et à éteindre l'incendie qui démarre sur les risque pays européens.

J'ai déjà eu l'occasion de remercier - sans méchanceté ni ironie - nos amis grecs pour leur contribution bien involontaire à notre sauvetage. Je peux le faire à nouveau car si ce plan fonctionne, il sera difficile de ne pas nous l'imposer dans les années qui viennent, et s'il ne fonctionne pas nous pourrons toujours essayer de trouver une autre solution.

Mais, faisons un peu de prospective : quelles sont les chances de succès et existe-t-il une autre solution ? Toute l'inconnue du plan de sauvetage en cours réside dans la force de la déflation inévitable qui s'installera en Grèce. Les pays européens (Belgique, Hollande, Allemagne ou pays scandinaves) ou non (Canada, Québec ...) qui ont réussi le redressement de leurs finances publiques avaient des atouts qui risquent de manquer à la Grèce. Je crains fort que s'agissant d'un pays aussi faible avec une économie centrée sur le tourisme et fortement parallèle, le remède soit insuffisant : la force de la dépression risque au final d'annihiler les efforts d'économie. Bilan dans un an.

Au passage, je ne partage pas les commentaires négatifs sur l'attitude de la chancelière allemande. Elle est dans la situation difficile d'une personne qui ne peut se défendre même si elle est convaincue d'avoir raison, car victime du politiquement correct. Toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire ! Bien sûr, il est facile de lui prêter des considérations politiques (les élections prochaines). Je pense plutôt que c'est impossible pour quelqu'un qui n'est pas allemand de comprendre cette peur viscérale de l'inflation, de la dette, de la facilité financière qui amena le nazisme et les 8 millions de morts allemands. Ne comptons pas sur l'Allemagne pour partager notre sens du compromis et de l'hypocrisie bien français ! Ceux qui espère une attitude moins ferme prennent leur désir pour une réalité. Angela Merkel ne changera pas !

Mais revenons à l'économie. L'avenir n'est pas écrit d'avance, mais pourquoi ne pas réfléchir aux autres solutions ? La crise des années 30 s'est réglée dans le sang : peu souhaitable et improbable aujourd'hui. La crise du Japon des années 90 ne s'est pas réglée. Cela m'amène à une solution certes politiquement incorrecte mais que certains économistes appellent de leurs voeux : laisser les forces de marchés agir et arrêter de soutenir l'économie !

Évidemment, cela semblera en première analyse absurde à beaucoup, et pourtant je pense vraiment que c'est la seule solution. La chute massive des prix de l'immobilier et des actifs financiers (actions et obligations) qui en résulterait permettrait une redistribution des cartes au profit des jeunes et du travail au détriment du capital et des retraités, qui est la seule solution possible sur le moyen-terme.

Les japonais ont voulu à tout prix épargner leurs banques et leurs retraités (et pour cause, ils n'ont plus d'enfants) et ils ont choisi la voie du suicide économique (certes retardé et adouci au maximum vu leur niveau de développement) mais inévitable aujourd'hui.

Oui, une autre politique me semble possible. C'est peut-être d'ailleurs le bénéfice à attendre de cette crise grecque que d'obliger les états à changer de politique économique. Imaginons un CAC40 à 1000 points et un m2 à Paris à 1000 € (je suis d'accord ; seule une "faillite" permet d'imaginer cela). Mais si c'était la seule solution pour éviter les 40% de taux de chômage dans les banlieues et la révolution ?

Moi, ça me va.