mercredi 11 août 2010

Lectures d'été - relectures d'hiver

Pour ceux qui s'intéressent à l'histoire, je ne saurais trop recommander la lecture de plusieurs livres très intéressants :

"Les erreurs stratégiques du IIIe Reich pendant la Deuxième Guerre mondiale" de Bernard Schnetzler aux éditions Economica

"L'impardonnable défaite" de Claude Quétel aux éditions JC Lattès.

Dans ce dernier, on voit comment la France, pays vainqueur de la grande guerre mais exsangue, abdique progressivement volonté, bon sens et courage pour s'enferrer dans des luttes intestines et des rêveries. Des politiques défaillants et des généraux incapables amènent la plus grande défaite de l'histoire du pays.

L'installation de nos forces les plus efficaces en Belgique et Hollande, hors de la protection de la ligne Maginot - malgré la découverte répétée des plans d'invasion allemands précis - et la lenteur de la réaction face à une invasion chaotique par les Ardennes (colonnes de chars embouteillés, roulant sur une file et devant pousser dans le fossé les chars en panne pour passer ...) relèvent presque de l'anecdote, même si elles nous font dire que malgré tout la défaite pouvait encore être évitée presque jusqu'à la fin.


A propos du premier livre, et parmi les principales erreurs du 3 ème Reich que j'ai retenues : la campagne sur trop de fronts en même temps au début de la guerre avec notamment une campagne sous-marine très consommatrice de ressources pour l'industrie de guerre allemande et qui priva le front de l'Est des quelques panzers divisions supplémentaires indispensables à la victoire. Une campagne de Russie ignorante de la météo hivernale : un simple arrêt des opérations en novembre en 1941 et 1942 aurait sans doute sauvé l'armée allemande, puis enfin un gaspillage des ressources qui a laissé plusieurs centaines de milliers de soldats sur des zones de non-combats (Le non- rapatriement des troupes d'occupation de Jersey et Guernesey sur le front de Normandie est un petit exemple révélateur. Celui des troupes d'occupation de Norvège également, à une plus grande échelle).

En synthèse, une campagne sur trop de front à la fois occasionnant une dispersion des moyens dans la phase offensive, et trop ambitieuse, se traduisant par des pertes évitables - jusqu'à fin 1942 - puis paradoxalement, une gestion trop timorée et trop conservatrice dans la seconde phase - à partir de la bataille de Koursk.

Un élément qui ne doit pas être négligé, c'est l'usure des forces : ainsi les batailles de Pologne et de France ne furent pas les promenades de santé imaginées par les néophytes : la Luftwaffe y perdit plus de 2000 avions, la Wehrmacht 100 000 morts et 200 000 blessées (plus qu'à Stalingrad). Il est vrai qu'ensuite les combats devinrent titanesque puisqu'à Koursk il fut tiré plus d'obus en une journée que pendant ces 4 mois de guerre.


Sur Arte, une émission très instructive sur l'histoire du pétrole. C'est passionnant de savoir que l'industrie américaine fournit à l'Allemagne jusqu'en 1941 les matières chimiques rares et indispensables à la production de l'essence de synthèse sans laquelle les panzers n'auraient pu envahir ni la Pologne ni la France.

Voilà une réponse à faire aux lobbys américains qui cherchent noise à la SNCF (rappelons aussi que les américains laissèrent les nazis faire la loi dans les camps de prisonniers allemands aux États-Unis jusqu'à la fin de la guerre, et que les exécutions sommaires de prisonniers souhaitant s'en détourner étaient légion, avec la neutralité bienveillante de leur gardien. Et eux n'étaient pas occupés).

Par ailleurs, intéressant également de savoir que les ingénieurs allemands ne purent adapter les pétroles du Caucase tant les moteurs allemands étaient exigeants en terme de qualité, à l'inverse des moteurs diesels rustiques des T34 russes.