lundi 6 septembre 2010

Merci aux Belges !

Changement de programme et place à l'actualité : je reviendrai plus tard sur mes passionnantes lectures de vacances.

Il y a quelque mois, j'avais remercié nos amis grecs pour avoir accepté d'être les premiers cobayes du laboratoire "euro", ces petites bêtes à la vie triste et pourtant si indispensables (pardon à la SPA). Dans la série, comment fait-on quand on n'arrive plus à emprunter sur les marchés ? les Grecs nous ont ouvert la voie : on appelle au secours ses voisins et on réduit fortement les dépenses publiques. Reste à voir si l'économie repartira : réponse dans 1 an.

Nos amis belges, plus proches de nous, nous proposent actuellement une deuxième expérience en laboratoire qui n'est pas mal non plus : la disparition d'un pays ! Oh certes, l'agonie sera longue et justifiera le terme usuel de "longue maladie" pour ne pas dire que c'était incurable ...

Auparavant, un pays se caractérisait d'abord par une frontière et une monnaie. Depuis l'euro et les accords de Schengen, n'est pas le gouvernement qui en devient le premier symbole ? Or, la Belgique n'arrive même plus à en former un : si tant est qu'elle y arrive - par miracle - on peut douter qu'il résiste à la première crise venue, et donc oui la Belgique ne semble d'ores et déjà plus vraiment un pays selon ce critère.

Notons au passage qu'au plan économique, avec un gouvernement affaibli ou absent depuis des années, elle ne semble pas faire moins bien que nous. Que deviendra sa dette ? Les Flamands et les Wallons décideront-ils de créer un pays à l'image des Tchèques et des Slovaques ou préféreront-ils malgré leurs différences aller voir du coté de leurs grands voisins respectifs (et en quelque sorte revenir à un passé pas si lointain) ?

Comment se fait-il que la Belgique arrive encore -semble-t-il - sans trop de difficulté à se financer ? Est-ce le signe que les marchés ne croient pas encore à la scission ou qu'ils pensent que cela sera sans effet sur le remboursement ?

Comment la dette sera répartie entre les deux parties en cas de scission ? Les banquiers conseils ont encore de beaux jours devant eux. Que deviendront les très nombreux expatriés fiscaux français qui font le bonheur de la ville de Bruxelles ?

Nos rêves de grandeur nous feront-ils oublier - si l'occasion se présente - que l'annexion de la Wallonie se traduirait par un boulet de plus aux pieds déjà fragilisés de l'économie française ?

Agonie, agonie .... ça peut durer. Il peut ne rien se passer pendant un bout de temps. Belgique et dette française même combat : peut-on considérer qu'un problème insoluble n'est pas gênant si on a l'éternité devant soi ?


NB : je ne comprends pas trop les arguments de Paul Krugman sur les bienfaits de la dette : il explique que l'hyper-endettement du à la seconde guerre mondiale a eu un effet bénéfique sur la croissance de l'après guerre et que donc il ne faut pas craindre un nouveau méga plan de relance aujourd'hui. Oui, mais où sont les centaines de millions de maisons à reconstruire de l'Europe, de la Russie et de l'Asie de l'après-guerre ? Le fameux "Allemagne année Zéro" de Rossellini. Sans parler de la conversion de l'économie américaine du civil au militaire et vice-versa qui doit représenter le même niveau de destruction créatrice. Vraiment, je ne vois pas l'hyper-endettement actuel des US avoir le même effet d'entraînement qu'en 1945.