samedi 15 décembre 2012

La fuite de la richesse

Gérard Depardieu vient de rendre son passeport français et il n'est pas le seul. Selon l'agent immobilier de luxe Daniel Féau, les ventes liées aux départs fiscaux n'ont jamais été aussi élevées. Tous les avocats fiscalistes en témoignent. Nous connaissons tous des personnes qui s'installent qui en Belgique, qui à Londres ou qui au Canada ... La fuite de la richesse devant le trop d'impôt est une réalité qui ne pourra pas être niée très longtemps par le gouvernement. La remarque de François Hollande souhaitant que la Belgique augmente ses impôts est bien révélatrice de l'inconscience du gouvernement qui s'imagine pouvoir faire la loi en Europe et s'essuyer les pieds sur les traités européens (libre circulation des biens et des personnes).

Mais il y a une autre fuite de la richesse plus dangereuse à mon avis car portant sur des montants beaucoup plus importants et se produisant d'une façon plus insidieuse : c'est la déstabilisation de pans entiers de l'économie devant les coups de boutoirs fiscaux. Le marché immobilier en France est totalement bloqué un an après la forte hausse de la taxation des plus-value. L'épargne fuit les placements taxés et se réfugie vers les placements défiscalisés (explosion des collectes sur le livret A). Je ne doute pas que les grandes entreprises sauront contourner l'hyper-taxation des hauts salaires ("salary split" ou localisation des cadres en Suisse par exemple), quand aux petites entreprises et aux entrepreneurs individuels qui subissent déjà les effets récessifs de l'explosion de la concurrence liée aux ventes sur internet (dont Amazon est la figure de proue), la baisse des salaires de gérant sera une nécessité permettant de compenser la forte hausse des impôts et taxes, pour ceux que la forte hausse (voire explosion parfois) de la CFE n'aura pas découragés ou achevés.

Enfin, tout laisse à penser que - contrairement aux espoirs du gouvernement - c'est la consommation, et non l'épargne qui fera les frais des hausses d'impôts non évitables (ce que j'appelle les prises par surprise : ISF et taxation des dividendes en 2012) et non l'épargne. Bien sûr, en 2013, les ménages s'organiseront et la base taxable se réduira (transfert d'épargne et fuite des capitaux).

Dans un contexte macro-économique difficile (explosion du chômage et hausse de l'euro), il faudra attendre les chiffres de la croissance du 1er trimestre 2013 pour que l'évidence apparaisse : le gouvernement qui a multiplié les dépenses dites sociales (abaissement de l'âge de la retraite pour les carrières dites longues, allocations en tout genre, extension de la CMU et des tarifs sociaux d'énergie ...) se retrouve devant une perte de recette non prévue qui menace non seulement l'objectif de déficit de 3% mais surtout la qualité de la signature de la dette française.

Alors les prédictions de "The Economist" et de nombreux économistes ou organismes de qualité (dont le dernier, l' "IFO" en Allemagne qui prévoit 10 ans de marasme en France) se réaliseront : la France sera en défaut de paiement et devra repenser tout son modèle économique puisque ses dépenses devront alors être réduites de moitié faute d'un financement par l'emprunt. Une révolution certainement dans les larmes et le sang (au sens propre).  Et il n'est pas certain alors que la libre circulation des biens et des personnes perdure, l'Euro et l'Union Européenne ayant vécu.

La fuite des riches actuellement me fait penser à la fuite des juifs de l'Allemagne nazie : seuls les plus clairvoyants ont pu s'échapper, les autres ont été piégés. Après coup on se demande pourquoi plus ne se sont pas sauvés tant que c'était possible, mais lorsqu'on se retrouve dans une situation similaire on ne fait pas mieux (il y a toujours de bonnes raisons de rester ...)

Bravo Monsieur Depardieu, vous faites partie des clairvoyants !